18 avril 2022

 

Il est logique, dans le contexte que nous connaissons, d’établir notre feuille de route pour les prochains mois.

 

Le manuscrit

L’aventure du manuscrit « Le naufrage de l’esprit critique » montre à quel point le débat public est aujourd’hui faussé, corseté, pour ne pas dire empêché. Nous n’avions pas imaginé rencontrer une telle fermeture de la part de maisons d’édition à la réputation d’exigence pourtant établie. Sans doute, la forme rédactionnelle choisie a-t-elle déconcertée, au moins autant que notre lecture de la problématique alcoolique et de la présentation de notre conception de l’accompagnement. L’élite intellectuelle de notre pays semble ne pas être préparée à ouvrir un débat approfondi sur le phénomène addictif. Il est d’autant plus réconfortant, dans ce contexte, d’avoir eu l’accord d’Erès pour publier le manuscrit. Je disposerai d’une partie du mois de mai pour relire le texte et y apporter des remaniements. « Le Naufrage de l’esprit critique » est un livre de combat et, pour cette raison, il sera nécessaire de veiller à ce que la version finale ne soit pas édulcorée. Ce n’est jamais gagné au temps des « lecteurs de sensibilité », qui veillent à lisser toute aspérité. Nous vivons une époque où il est plus facile d’insulter que d’argumenter pour des problèmes de fond. Faisons tout de même confiance à l’esprit de connaissance et au sens critique. Le lavage de cerveau finira par rencontrer ses limites, face à la gravité des problèmes de société.

 

La recherche clinique

La recherche clinique entreprise en lien avec la clinique Rive Gauche suit son cours. Nous avons choisi de vous la présenter en lieu et place de cette séance du groupe intégratif. Vous avez à vous approprier l’étude à venir. Les pièces constitutives du dossier sont peu nombreuses. Le synopsis de l’étude est achevé pour l’essentiel. Un protocole de mise en œuvre sera rédigé en lien avec le Pôle innovation de la Clinique. Nous avons mis en forme un questionnaire d’inclusion. Nous souhaitons que l’étude porte sur 400 patients, avec un recul minimum de trois mois pour les plus récents et de quinze ans pour les plus anciens. Cela va demander un grand travail. Nul doute que l’association saura relever ce défi. La lettre incitant chaque patient à s’inscrire dans l’étude est rédigée. Elle devra être complétée par un courrier officiel préétabli visant à garantir la confidentialité des réponses. Nous sommes d’autant plus attentifs à cet aspect de l’étude que le questionnaire d’évaluation apportent des précisions cliniques qui vont rendre compte des réalités souvent occultées de la problématique alcoolique. Nous nous sommes efforcés en détaillant ce questionnaire d’évaluation de donner la profondeur qu’elle mérite à la thématique étudiée.

Dès que ce dossier sera bouclé, nous aurons à l’adresser à la Société Française d’Alcoologie (SFA) et à l’INSERM, deux instance scientifiques de référence. La SFA a fait savoir qu’elle disposait d’une dotation budgétaire pour la recherche clinique. Nous allons prendre au mot cette information. Nous avons procédé à une première évaluation budgétaire pour mener l’étude à bien. Les frais engagés et le temps mobilisé par l’enquête ne sont pas négligeables. Une équipe d’environ huit enquêteurs sera chargée de mener à bien le recueil des réponses. Tous les moyens de communication auront leur place : voie postale, messagerie, téléphone, entretien direct. C’est une tâche passionnante qui ne pourra qu’intéresser les soignants, les étudiants et les adhérents chargés de ce travail.

 

Une conférence à organiser

L’enjeu de cette étude est pluriel. Nous aurons à organiser une conférence de restitution des travaux. Nous renouerons ainsi avec la tradition de l’AREA de journées de débats, avec des invités de marque. Nous sommes actuellement en recherche d’un lieu approprié en centre-ville.

Un livre publié chez Erès prolongera cette étude. La finalité de ce travail est d’aboutir à la constitution d’un centre d’alcoologie clinique pérenne. Comme vous pouvez en juger, nous faisons preuve d’un optimisme à toute épreuve. Celui-ci tire paradoxalement exemple de ce que nous savons de la problématique alcoolique : à force de toucher le fond, il se produit une réaction salutaire. Notre point de vue est que la société française va aussi mal si ce n’est plus que le plus infortuné de nos patients.

 

L’actualité des HBA

À un autre point de vue, plus immédiat, nous avons procédé à un ajustement des activités de nos HBA. Un atelier final en début d’après-midi du vendredi permettra de clarifier la question des situations à risque, au sortir de la « bulle » du stage. Nous serons attentifs à permettre à l’équipe des aidants de s’étoffer de nouveaux membres.

 

100 questions et réponses

Les circonstances ont permis de discuter de l’édition d’un ouvrage accessible à presque tous, en « 100 questions réponse » autour de la problématique alcoolique, pour Érès ou Dunod. Ce travail sera fait avec plaisir car nous le pensons très utile.

Comme vous pouvez en juger, nous avons du pain sur la planche. Chaque talent aura l’occasion de s’exprimer, si toutefois l’évolution politique le permet. Nous avons eu une petite idée de la force de la pensée unique à propos du manuscrit. Il est possible et même probable que nous rencontrions des difficultés analogues pour le financement de la recherche clinique. Une fin de non-recevoir de la SFA réduirait singulièrement l’ampleur et les retombées de cette étude. Cependant, si notre élite choisi de persister dans le déni et ses mauvaises habitudes, elle finira par récolter le chaos auquel elle contribue avec un remarquable aveuglement.

À l’impossible nul n’est tenu, mais continuer à rêver est la meilleure façon d’exister.