Après la troisième journée d’alcoologie des AREA du jeudi 8 décembre 2011

L’ensemble des intervenants et des participants ont apprécié la qualité d’organisation de cette troisième journée d’alcoologie toulousaine, qui s’est jouée à guichets fermés. Notre responsabilité est désormais directement engagée pour faire vivre une alcoologie de réflexion et de pratique. Il s’agit de prendre en compte les différents aspects de la problématique alcoolique, addictions associées comprises. Avec la nouvelle collection BACCHUS, proposée par l’éditeur ERES, et deux ouvrages annuels à large thématique – Les groupes de parole en alcoologie, Les clés pour sortir de l’alcool (et éviter d’y retourner) pour cette année, nous avons pris date. Pour l’heure, notre méthodologie conçue pour l’efficience n’a pas rencontré le soutien contractuel des décideurs, même si le Président de la CPAM, physiquement présent, nous a assuré de son soutien, plusieurs fois vérifié. Le souci d’un bon usage de l’argent public s’écarte pour le soin psychique des tarifications privilégiant les actes techniques. La logique comptable a besoin d’être pensée à partir des pathologies intriquées. La crise est aussi une opportunité pour réaliser des avancées face aux pertes de chances et aux gaspillages induits par l’offre de soin actuelle

Daniel Settelen, a souligné la modification des configurations psychiques, sous l’effet des changements sociétaux. La norme, désormais, est caractérisée par les troubles et pathologies narcissiques, les organisations limites de la personnalité, avec une composante psychotique de plus en plus manifeste, faisant parler d’états limites-limites : E.L.L., un enfer et un défi pour la relation d’aide. Cela étant, le soin participe au changement des personnalités, à leur « névrotisation ».

Didier Playoust, s’appuyant sur son expérience de médecin alcoologue hospitalier, a décliné la notion d’efficience pour la rapprocher des intérêts des populations concernées. Elle ne consiste pas, assurément, à aligner le soin alcoologique sur celui des toxicomanes, en dépit de la part croissante des marginalisations et atomisations à l’œuvre dans le corps social. Le modèle médical n’est pas opérant malgré l’utilité de médicaments bon marché. L’alcoologie vise contradictoirement à faire cesser le symptôme en le faisant s’exprimer.

Henri Gomez a détaillé les principes et modalités du groupe intégratif, nouveau concept caractérisé par la présence active lors de ce temps collectif du clinicien aux trois temps de la démarche de soin : lors des premières rencontres, au temps institutionnel et, ensuite, pour l’accompagnement. Le GI, à ne pas confondre avec un G.I. casqué, selon la remarque d’Emmanuel Palomino, permet de couvrir le temps de l’alcool, le temps sans alcool et le temps hors-alcool, quand le sujet change véritablement de réflexes et de référents culturels. Ce groupe est également intégratif parce qu’il mélange des personnes différentes sur le plan de la personnalité et de l’appartenance sociale. Il est intégratif par la pluralité des grilles de lecture et des approches psychothérapiques. Il est enfin un groupe médiateur du lien, un groupe de psyCOthérapie et un groupe-école, pour les étudiants et les bénévoles de l’association auxiliaire du soin.

Henri Sztulman a discuté des différentes présentations et les a fait discuter, en les reliant à une approche humaniste fondée sur la psychopathologie des addictions. Il a souligné la généralité de la composante addictive des personnalités, expression de la part non verbale du psychisme humain, exacerbée par les orientations consuméristes, les pertes d’identité et de sens.

L’après-midi, Antoine Bioy a souligné que la dynamique de la relation d’aide reposait sur les capacités du soignant à se remettre en question et à progresser au contact de ses patients. Il a ainsi justifié l’expression de « thérapies humanistes », c’est-à-dire centrées sur l’humain.

Gérard Ostermann, opposant notoire à la « pensée paresseuse » et aux causalités linéaires, a posé comme condition du soin le développement d’une véritable alliance thérapeutique, l’alliance de l’implication réciproque, des expériences et des cultures.

Michèle Monjauze, prenant appui sur des documents rassemblés pour la circonstance, a montré que la créativité permettait à certains patients le dépassement de la problématique de dépendance. Cette créativité trouvait un écho d’ambiance par l’exposition de photographies encadrées.

François Gonnet a plaisamment contribué au débat par sa sensibilité systémique. Il a relaté sa double expérience de directeur d’un centre d’alcoologie et de chef de service hospitalier, cantonné par sa hiérarchie au rôle de sous-médecin pour des sous-malades, quand il manifesta son intérêt pour la problématique alcoolique.

Emmanuel Palomino s’est livré pour finir à un exercice réussi de synthèse détaillée et commentée, en reformulant avec humour les propos des intervenants.

L’an prochain, le jeudi 6 décembre 2012, la quatrième journée des AREA sera consacrée aux différents aspects de la communication en alcoologie.

L'AREA31