Allez au cinéma !                                                

En ces journées courts, froids et pluvieux, aller au cinéma est une bonne alternative, une invitation à sortir, à se reposer des rituels de fin d’année.

De bons films sont proposés dans les salles obscures et nous avons aussi la possibilité d’en découvrir lors de notre atelier-cinéma mensuel.

Trois extraits de nos commentaires illustreront notre invite pour trois films :  Un homme intègre, de Mohamed Rasoulof (2017), Les Heures sombres, de Joe Wright (23017), Ma vie de courgette, de Claude Barras (2016). Le premier permet de réfléchir à la souplesse adaptive dans une société de contrôle social et de corruption. Le second met en valeur la résilience d’un peuple, incarnée par le saint-patron des alcooliques : Winston Churchill. Le troisième est centré dans l’enfance abandonnée, dans le contexte de la problématique alcoolique.

  1. « Un homme intègre »

Le film pose une question d’ordre éthique : jusqu'à quel point s’obstiner face à un pouvoir indifférent ou hostile ? Jusqu’à quel point s’adapter pour ne pas perdre son « âme », ou l’esprit d’un projet? Quels sont les armes et les accommodements que peut accepter un homme intégre dans une société dirigée et encadrée par des individus prisonniers consentants d’un système, quand sa survie ou la survie de ce qui lui tient à cœur est engagée ? Reza fait passer ses principes avant la prise en compte des réalités. Il fait supporter son intransigeance à ses proches. Il ne fait pas jouer son discernement. Hadis, comme la plupart des femmes, est plus réaliste. Son positionnement face à la mère de l’étudiante prend certainement en compte les règles du jeu.

  1. « Les Heures sombres »

En somme, « Les Heures sombres » peuvent être transposées aux difficultés et aux voies de résolution de la problématique alcoolique, quand elle atteint un point de non-retour. Une différence de taille entre la résistance anglaise et l’énergie à mobiliser pour doter les personnes affectées par l’addiction alcoolique des moyens les plus appropriés : le peuple alcoolique n’existe pas comme entité idéologique. Il est trop disqualifié par la honte, trop empêtré dans les méandres de la consommation – y compris modérée  ̶ pour nouer des liens solidaires efficaces face à ses adversaires objectifs et leurs alliés. La partie consciente de la population alcoolique a,pourtant, ce qu’il faut pour résister : de grandes figures de l’Histoire et de l’Art :quelques lieux associatifs ; des personnes intelligentes capables de dépasser l’individualisme ; des faux-amis mortels.

  1. « Ma vie de courgette »

Dès le début du film, nous comprenons que Courgette vit avec une mère négligente, peut-être même maltraitante. Cette attitude de la mère semble pousser Courgette à être « parentifié », dans le sens où cet enfant endosse le rôle d’un parent vis-à-vis de sa mère, par exemple en ramassant les canettes derrière elle. Je pense que Courgette ressent de l’ambivalence envers sa mère, car il exprime qu’il aime sa mère, et en même temps il a peur d’elle. Les objets que le garçon apporte au foyer sont significatifs : il a conservé une canette de bière qui représente symboliquement sa mère, comme s’il croyait que l’alcoolisme de sa mère était une partie intégrante de la personnalité de cette dernière. Courgette nous montre le point de vue qu’un enfant peut avoir sur l’alcoolisme.