Réalisation : Pietro Germi

Scénario : Pietro Germi et collaborateurs

Date : 1966

Durée : 115 mn

Acteurs principaux :

Virna Lisi : Milena

Gastone Moschin : Osvaldo Bisigato

Nora Ricci : Gilda Bisigato

Alberto Lionello : Toni Gasparini

SA / HA

Mots clés : mœurs – faux-semblants – ridicule – dérision - médiocrité

 

On peut préférer « Séduite et abandonnée » à « Ces messieurs-dames » comme satire des mœurs italiennes par Pietro Germi, même si ce dernier a reçu la Palme d’Or au Festival de Cannes de 1966 pour ce film. Ne boudons pas le plaisir de cette découverte des mœurs débridées, maquillées de bienséance et de franche camaraderie, de la classe moyenne de cette ville de Vénétie. Les habitants de Trévise en ont, paraît-il, beaucoup voulu à Germi d’avoir fait leur portrait.

Le réalisateur choisi de décrire les mœurs de la bourgeoisie provinciale de la Vénétie dans un style plus enlevé et drôle que les films de Claude Chabrol, presque tous consacrés à la critique de cette couche sociale qui s’est beaucoup renouvellée depuis cette époque, tout en restant aussi peu fiable. Le film commence par une sauterie débridée, orchestrée par le docteur de la bande. Les péripéties successives seront découvertes par le spectateur. À la différence d’à présent les gens savaient se moquer des autres et d’eux mêmes.

On peut rire de tout, pas avec n’importe qui

Le microcosme citadin et accessoirement rural mis en scène se moque beaucoup des autres. Chaque personnage est tour à tour l’objet de dérision, ce qui établit une sorte d’égalité.

Que peut-on retirer de ce type de film pour l’accompagnement en alcoologie ?

Le premier enseignement est de ne jamais être dupe des apparences, qu’il s’agisse du buveur avec ou sans alcool, des proches et des soignants eux-mêmes ou encore de l’offre de soin. L’esprit d’observation, la prudence, le dialogue sont de rigueur, sans dégager des conclusions hâtives.

Le soin ne doit pas faire une place démesurée aux « passions tristes » ou ce que l’on peut appeler également les ressentis négatifs. Germi les met en évidence de façon caricaturale, parfois bouffonne. Derrière la respectabilité apparente, la médiocrité humaine se manifeste sans retenue, dès que l’occasion se présente. Et l’histoire racontée montre que les personnages excellent dans l’art de se créer des occasions, quitte à s’exposer à certaines déconvenues.

Au passage, nous reconnaîtrons l’ineffable Peppino, le séducteur moraliste de Séduite et abandonnée, en tenue de policier.

Ce film nous montre la force thérapeutique du rire face à l’hypocrisie générale.