Réalisation : Juan Antonio Bardem

Scénario : Louis F. de Loga

Date : 1955                Espagne

Durée :  88 mn

Acteurs principaux : 

Lucia Bosé : Maria Jose de Castro

Alberto Closas : Juan Carlos Casaravilla : Rafà

Mots clés : 

 Culpabilité – égoïsme – conscience – choix - jeunesse

 

mortduncycliste

 

Épouse d'un riche industriel, Marie-José est la maîtresse d'un professeur d'université, Juan, qui doit sa place à son beau-frère. Amoureux avant la guerre civile, le mariage de Marie-José les a séparés. Ils continuent pourtant de se fréquenter… Au cours d'une de leurs escapades en voiture, Marie-José tue accidentellement un ouvrier à vélo. Les amants prennent la fuite. Perturbé, Juan recale très injustement une étudiante lors d’un oral. Les autres étudiants se révoltent en suivant contre sa décision. Juan prend conscience du préjudice porté à l’étudiante et, au-delà, de son imposture. Il décide de démissionner de son poste et tente de convaincre sa maitresse de dire la vérité à la police. De retour sur les lieux de l’accident, après avoir hésité, elle l'écrase avec sa voiture. Craignant de rater l'avion qu'elle doit prendre avec son mari, elle conduit à grande vitesse, essaie d'éviter un cycliste et se tue sur le bas-côté. Le cycliste s’éloigne, après avoir constaté qu’elle a perdu la vie. À la différence de Marie-José, il aurait des ennuis injustifiés s’il allait trouver la police.

Le film repose sur le ressort de la culpabilité agissante ou rejetée mais vaut également comme une description de l’élite franquiste du moment assortie d’un parasite apprenti maître-chanteur. Tous profitent du régime tandis que d'autres vivent dans des conditions misérables. Dans une autre scène, Juan cherche à rendre visite à la veuve du cycliste. Il s'achemine dans les ruines du Madrid d'après-guerre civile. C'est dans l'ensemble le tableau d'une société gangrénée par les intérêts personnels. Le personnage de Maria José en est un bon exemple. Elle s'est mariée pour assurer sa position sociale. La vitre cassée par la fureur étudiante devient un symbole. Elle pousse Juan à vouloir se livrer à la police. Il ne parvient plus à se mentir. Il cherche à retrouver sa dignité. Maria José trouve la mort en voulant éviter un ouvrier à vélo. Ainsi, la boucle est bouclée.

La force des intérêts particuliers face à l’intérêt général

Il est commode, à distance, de s’en prendre aux agissements égoïstes, sordides, au-delà des apparences et des agissements de bienfaisance, de groupes sociaux historiquement stigmatisés. Sommes-nous, collectivement, si éloignés du comportement du personnage féminin de cette histoire ? Si nous considérons la réponse sociale aux problématiques addictives et, plus spécifiquement, alcooliques, parmi d’autres enjeux de société, ne sommes-nous pas en situation d’aboutir à un constat analogue ? Il se trouve, aujourd’hui, au-delà des bienséances rattachées aux discours officiels, des comportements qui pourraient évoquer la désinvolture coupable de cette représentante de bonne société de la période. Nous pourrions, sans trop d’imagination, nous assimiler à chacun de ces deux cyclistes.