Réalisation et scénario : Jeanne Herry

Date : 2019 / France

Durée : 1h55mn

Acteurs principaux :

Elodie Bouchez : la candidate à l’adoption

Gilles Lelouche : un assistant familial

Sandrine Kiberlain : travailleuse familiale

Olivia Cote : une assistante sociale

Stefi Selma : une infirmière en pédia trie

Clotilde Mottet : la « recueillante »

Miou-Miou : responsable conseil familial

Leila Muse : la jeune fille qui accouche sous X

SA/HA

Mots clés : adoption – monoparentalité – attachement – compassion – décision

 

 

Le cinéma français produit beaucoup de films à caractère social. Jeanne Herry, la réalisatrice propose un film très documenté qui présente de façon détaillée le processus de l’adoption. Une jeune fille majeure se présente à la maternité sur le point d’accoucher. Elle ne veut pas du bébé. Elle est très bien accueillie. Son désir est respecté. Elle est accompagnée. L’histoire peut commencer…

 L’adoption et ses problèmes

  Notre point de vue sur l’adoption est probablement biaisé par notre fréquentation de personnes en souffrance soit parce qu’elles ont été abandonnées, recueillies et adoptées, assez souvent dans des conditions objectives très bonnes. Soit parce qu’elles se sont lancées dans l’aventure de l’adoption avec des résultats désastreux. L’adoption peut très bien se passer, comme semble le montrer cette histoire. Des difficultés de tous ordres peuvent survenir. Ces problèmes sont au moins mentionnés : les carences affectives précoces, le désir d’enfant pour soi, pour faire vivre ou survivre un couple, les troubles de la personnalité des parents candidats, l’addiction occultée, la durée de la démarche d’adoption, les circuits et les délais qui s’imposent, alors que les situations évoluent nécessairement au fil des mois et des années. L’adoption se concentre-t-elle sur le territoire français. Est-elle restrictive ? Qui va être autorisé à adopter ? Qui sera écarté ? L’écoute est très présente dans les échanges. Chacun est attentif autour de sa « majesté, le bébé ». Au début du film, l’assistant familial en a plus que marre de s’occuper d’adolescents devenus caractériels et violents. Son amie Karine lui propose le nouveau-né et il va retrouver une envie professionnelle au contact de l’enfant.

Le spectateur est frappé par l’ambiance compassionnelle autour de la jeune mère. Elle a des droits. Elle a seulement des droits. Ils sont scrupuleusement respectés par l’équipe qui l’accouche, par la recueillante, une assistante sociale, qui devra faire la déclaration de naissance sous X. Sa liberté est respectée absolument. Elle n’a aucun devoir vis-à-vis de l’enfant. La grossesse a pu être conduite à terme sans que la famille ou ses amis ne s’en aperçoivent. En 2019, cette situation pourrait surprendre. Quand la jeune femme, cependant majeure, quitte l’hôpital, elle va pouvoir revenir en cours car elle est étudiante.

Le bébé manifestera des troubles de l’éveil et du développement passagers mais grâce au dévouement chaleureux et attentionné de Jean, l’assistant social, le bébé sera épanoui au moment où la méritante maman célibataire aura eu, enfin – après 8 ans de démarche administrative, quand même – la possibilité de l’accueillir. Manifestement, le temps lui a permis de gagner en maturité.

Ces travailleurs du social semblent plutôt bien dans leur peau professionnelle, sinon personnelle. Il n’y a guère que Jean qui doutait et présentait des signes d’usure.

On a l’impression que le social, et, à la rigueur le psychologique, évacue le politique. L’esprit critique ne sert qu’à juger du « cas ». Il est au service de la compétence professionnelle.

Bon cas, bonne équipe, intervenants dévoués, mère adoptive intéressante et prête, qui anticipe déjà une rencontre amoureuse dans six mois, quand elle aura développé un bon lien avec Matthieu, son bébé qui lui plaît d’emblée. De quoi se plaindre ?