Réalisation : Cédric Klapisch

Scenario : Cédric Klapisch

Date : 2019/F

Durée : 110 mn

Acteurs principaux :

François Civil : Rémy

Ana Girardot : Mélanie

François Berléand : le psy de Remy

Camille Cottin : la psy de Mélanie

Simon Abkarien : l’épicier

Rebecca Marder : Capucine, la sœur de Mélanie

A/ HA

Mots clés : Solitude – Modernité  − Psychothérapeutes – Famille - Fratrie

 

 

L’histoire contée par Klapisch n’est pas très originale, d’autant qu’elle reprend l’idée d’un chat, au demeurant très mignon, faisant lien entre deux voisins (Chacun cherche son chat, 1996). Elle montre les solitudes propres à ceux qui travaillent dans les grandes villes. En l’occurrence, notre réalisateur-scénariste juxtapose les errements de deux trentenaires, Mélanie et Rémy, pas bien dans leur peau. Elle travaille dans un laboratoire de recherche, dans l’immunothérapie des cancers. Il vient de quitter un emploi de manutentionnaire pour celui d’employé dans un service de réclamations de la Poste. Ils sont voisins. Ils se croisent sans se voir dans l’épicerie orientale du quartier. Ils sont poussés vers le cabinet d’un psychothérapeute. Mélanie choisit une psychanalyste en cabinet privé. Rémy se satisfait d’un psy exerçant dans un centre public. Chacun a un problème du passé qui encombre son présent. Ils finiront par le mettre en évidence et l’heureuse fin pourra advenir dans le cours de danse du quartier. L’ensemble est agréable et les images du métro sont exemplaires du monde dans lequel ils vivent. Mais il faut lutter un peu contre l’ennui, dans l’attente de la rencontre.

Modernité actuelle et psychothérapeutes

Le lien entre la modernité actuelle et l’usage des psys est facile à faire, trop probablement. À en croire l’issue du film, il suffirait d’identifier un traumatisme fondateur du mal-être pour que les personnes en souffrance trouvent les chemins du bonheur. À y regarder d’un peu plus près, la vie est plus compliquée et banale. L’entredeux qu’elle constitue associe habituellement la nostalgie d’un passé qui n’a peut-être jamais existé et l’effroi, activement dénié, devant l’inexorable. Dans l’intervalle constitué par une existence, se retrouvent des joies éphémères, des illusions déçues ou réalisées, les pertes à la mesure des acquis, les deuils en proportion des amours et des amitiés. La solitude de l’univers urbain, parachevé par le numérique, ne fait que compléter ce tableau existentiel de notre modernité.

Quelle est donc la recette du bonheur ? Sans doute est-il utile d’extirper de son inconscient les traumatismes enfouis.

À ce propos, nous pouvons relever que le malaise de Rémy dans le métro se produit alors qu’une petite fille lui sourit. Par la suite, nous apprendrons que Rémy avait perdu une petite sœur de trois ans sa cadette d’un cancer foudroyant, alors qu’il avait dix ans. La subjectivité dans la constitution d’un traumatisme est illustrée par Mélanie dans le contentieux imaginaire qui l’éloigne de sa mère depuis des années. Il va de soi que la rencontre affective de deux êtres compatibles est un bonheur accessible, à condition, comme le souligne la psychiatre, de s’aimer assez pour s’inscrire dans une relation de réciprocité. Il n’en demeure pas moins qu’une bonne partie de l’existence est lourde de contraintes aussi pénibles que répétitives. Les progrès technologiques en ont supprimé. Ils ont en substitué d’autres, sources de nuisances pour notre environnement et notre avenir. La cause du désenchantement humain est plus profonde que ce qui est suggéré dans le film. Le bonheur est voué à la précarité et à l’éphémère. Les meilleures réponses se situent dans l’affectivité, un minimum de sécurité matérielle et de santé, des divertissements plaisants, une philosophie du quotidien tempérée par le bon sens et, pourquoi pas, des projets collectifs transcendants.