23 août 2021

Au moment de la rédaction laborieuse d’Anesthésie Générale, je m’étais enquis d’un ouvrage sur le baratin. J’avais fini par trouver un petit livre bleu signé par plusieurs universitaires anglais. Il était atroce d’hermétisme, si bien que j’avais conclu que les auteurs s’étaient livrés à « a joke », à une plaisanterie. J’avais souri avec eux, passé le temps de stupéfaction.

Le baratin est protéiforme – voilà que j’écrits comme ces Anglais !

Je crois impossible d’être exhaustif mais je cite quelques rubriques.

La première place revient, sans doute, à la langue de bois politicienne, suivie de très près (ou devancée) par la soupe servie par les journalistes d’informations et de débats télévisés. Certains ont appris que la pédagogie était affaire de répétition. Ils se révèlent de redoutables pédagogues, cependant que d’autres se contredisent sans vergogne.

Les réunions savantes ne sont pas mal non plus : la langue de bois de ce milieu s’orne de chiffres, de graphiques et d’images. Il convient vraiment d’être attentif pour en retenir quelque chose.

Les rencontres festives peuvent atteindre des sommets, dans l’avalanche de lieux communs et de vérités premières, avec le bonus de la gaité en supplément. L’alcool a été incriminé dans ce genre de cacophonie où personne n’écoute personne. C’est injuste, certains parviennent à saouler à jeun.

Il existe un baratin écrit. Je ne fréquente pas celui des réseaux sociaux mais je suppose que lire mille avis sur un fait dont personne n’a pris la peine de vérifier l’exactitude doit être assez rigolo, bien qu’épuisant. Les étudiants, dans la tradition de l’université française, pondent un nombre ahurissant de mémoires et de thèses dont l’immense majorité ne connaîtra qu’une existence éphémère, pendant leur rédaction et leur présentation, si le jury ne digère pas un repas trop copieux.

Plus grave, un nombre croissant de livres sont publiés par des auteurs qui n’ont plus rien à dire. La recette est connue : un titre qui « interpelle » en raison de la mode du moment, des auteurs très connus, très pros. Le résultat : des dizaines de pages de baratin et de délayage.

Comment définir la Parole ? Comme quelque chose de juste, qui ne meurt pas, qui résonne et renait, des mots qui font réfléchir et que l’on s’approprie. Lors d’une dissertation sur le risque, un élève avait rendu un copie blanche avec, à l’intérieur, la mention : « Le risque, c’est ça ! ».

Avez-vous aimé mon baratin ? Quelles paroles vous ont parlé ?