10 janvier 2022

 

La douleur de l’absence et celle de l’oubli : deux thématiques bien sombres, me direz-vous. Notre groupe accepte le défi de toutes les thématiques, même celles dont la connotation semble correspondre à des affects tristes.

La douleur de l’absence, tout d’abord. L’expression évoque l’éloignement ou la perte d’un être affectivement cher. La douleur de l’absence prolonge celle de la perte. Un vide a succédé à un plein. Le lien qui s’était constitué ne trouve plus sa correspondance. L’absence, d’une certaine manière, est une perte de substance. Elle suscite logiquement les affects les plus tristes, du désarroi, de l’anxiété, de la dépression.

La douleur de l’oubli est d’une autre nature. Plus ou moins longtemps, l’éloignement a été compensé par une mémoire vivace. L’absent a été présent par le souvenir. La douleur survient alors que la mémoire s’efface. Le Marius de Pagnol a laissé Fanny derrière lui. Son désir de naviguer et de découvrir le monde était plus fort que son amour naissant. À un moment, Marius a perdu mentalement l’image de la jeune femme. Cet oubli lui est suffisamment insupportable pour le ramener au Vieux port.

Notre groupe étant différent de celui des dépressifs anonymes, est-il possible de donner une vision plus joyeuse et constructive de l’absence et de l’oubli ? Je me vois dans la nécessité d’utiliser l’humour.

L’absence. Je me souviens d’un refrain « je t’aime encore plus quand tu n’es pas là ». L’absence permet effectivement d’abandonner les affects tristes et de resituer l’absent (e) dans ce qu’elle apporte ou a apporté de meilleur à la relation. L’absence permet de faire le calme en soi, de faire la part des choses. L’absence peut être synonyme de ressaisissement. Une difficulté à combattre est représentée par la dépendance analytique. L’autre est une béquille sans laquelle il n’est pas possible d’avancer ou de rester debout. Le moteur de la spiritualité est l’absence. Une solution à l’absence est le remplissage de caractère addictif.

L’absence peut être vécu dans l’inconscient, tout comme la persistance d’un traumatisme. La douleur peut-être absente alors qu’elle reste agissante, au point de se traduire par une addiction. 

L’oubli, comme la langue d’Esope, peut-être la meilleure et la pire des choses. Les défauts de mémoire peuvent être un handicap. L’alcool peut effacer la mémoire de façon transitoire ou définitive, constituant alors un handicap. L’oubli est la condition de la mémoire sélective. Notre cerveau doit être régulièrement désencombré. Nous vivons une époque surchargée d’informations inutiles, contradictoires et faussées. Les oublier constituent une nécessité vitale. Mieux vaut même éviter de les écouter. Cela étant, la mémoire sélective peut être un problème, tout comme la mémoire courte. Une variante souvent rencontrée de mémoire sélective ou la non-écoute sélective.  Des propos exprimés ne sont pas entendus car leur mémoire dérangerait.

La distraction ou l’écoute flottante sont des procédés qui dispensent de l’oubli. Il est bon de retenir ce qui nous importe et qui nourrit utilement notre vie mentale. Le processus de l’oubli dispense de la rumination, du ressassement et de la rancune.

En définitive, comme tout phénomène, l’absence et l’oubli ont deux faces à l’exemple d’une pièce de monnaie.

Que pouvez dire, à la lumière de votre expérience personnelle ? Faites-vous ou non bon ménage avec les absences et les oublis ?