04 juillet 2022

Nos études, dès le Collège, devraient nous apprendre ce qu’est la compulsion de répétition à partir de la description de nos trois cerveaux empilés protégés par notre boite crânienne. Le tronc cérébral, le cervelet et les zones sus-jacentes contiguës assurent les fonctions vitales de survie (équilibre thermique, nourriture, fuite et agressivité) et de reproduction. C’est le plus ancien et s’oppose à lui le néocortex à la partie superficielle des hémisphères cérébraux. À celui-ci revient le langage, les fonctions réflexives, la sensibilité, l’imagination. Entre les deux se situe le cerveau dit limbique, d’ancienneté intermédiaire. Ce dernier intervient dans les émotions primaires telles la peur, la douleur, le plaisir mais également la mémoire et les rituels. Il joue un rôle dans la coordination des mouvements. Il intervient dans le système de récompense par un système de connexion complexe incluant, notamment, le noyau accumbens, une concentration de cellules grises. Différents types de neurotransmetteurs interviennent, à l’origine de médicaments : la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline, l’acétylcholine, le système gaba. La stimulation par électrode de ce noyau accumbens peut aboutir chez le rat à une compulsion de répétition s’imposant au discernement tout autant qu’à l’instinct de survie. Il en est de même des produits et des activités sources d’addictions. En surstimulant le système de récompense, il se produit une neutralisation de l’esprit critique et une perte des phénomènes d’adaptation rattachés à la survie. Cette digression anatomique permet de comprendre que nos comportements répétitifs objectivement préjudiciables peuvent résister à notre volonté et à nos capacités de raisonnement. Nous ne sommes pas éloignés des activités automatiques, irrépressibles, qui s’imposent dans une alternance entre tensions et décharges. La compulsion de répétition, qui peut avoir des bases inconscientes et traumatiques, est entretenue et développée par l’effet même de la répétition. Plus elle devient habituelle, plus elle s’impose pour déboucher sur une dépendance liberticide et masochiste, source de malheurs sans fin : physiques, psychoaffectifs, psychosociaux. Tout un système économique se nourrit des comportements addictifs qu’il induit.

Les troubles obsessionnels compulsifs se rattachent à la compulsion de répétition. Certains sont gênants, d’autres non. Il n’est pas grave de vérifier qu’on n’a rien oublié avant de quitter un lieu.

La compulsion de répétition réalise une aliénation intérieure.

La compulsion de répétition peut être développée par les usages sociaux.

Quelles sont les meilleures réponses à une compulsion de répétition quand elle se révèle incompatible avec une « vie bonne » ?

L’expérience monte qu’il faut commencer par la fin : cesser l’addiction, cesser de nourrir la compulsion, écarter le produit, pour ce qui nous concerne, sans état d’âme, comme on écraserait la tête d’un serpent venimeux. En laissant de côté les lieux communs favorables à la consommation, un long et lent apprentissage sera nécessaire pour dissocier ses émotions de l’alcool et des autres substances psychoactives équivalentes, pour disposer du recul nécessaire afin de mieux se connaître, mieux se gouverner, mieux se relier aux autres.

Avez-vous en tête des formes de compulsions de répétition qui vous ont emprisonné(e) ?

Quel a été votre cheminement pour abandonner la compulsion de répétition pour l’alcool ? Comment s’est réalisée votre évolution vers une vie satisfaisante ?