27 mars 2023

 

Les difficultés à dire non sont souvent mise en avant par les personnes souffrant d’addiction. Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un non infantile, pour notre discussion, mais d’une difficulté à exprimer un non justifié par le caractère et les finalités de la demande.

Pour ce qui me concerne, je n’ai pas de difficulté à dire oui chaque fois que la demande me semble naturelle et légitime. Je crois avoir un caractère plutôt conciliant. Je déteste les discussions de « marchand de tapis ». Je recherche l’accord le plus rapidement et le plus clairement possible. Je n’aime pas perdre de temps à négocier pour des broutilles.

Je ne me sens pas obligé de déclarer mon point de vue sur tout et à tout moment. Il faut juste m’éviter les sollicitations à la Orgon pressant Alceste, à propos de son célèbre sonnet. Si quelqu’un insiste, je peux effectivement proposer un point de vue. Il sera sincère, aussi nuancé que possible. Il ne sera pas complaisant.

J’adopte sans réticence et sans en rajouter une opinion que je crois juste. J’apprécie par ailleurs que mon point de vue soit enrichi, complété voire modifié par un interlocuteur pertinent. En revanche, je suis intransigeant sur le respect de ma liberté. L’intimidation et la violence, quelle qu’en soit la forme, ont pour effet d’effacer toute bienveillance de ma part. Le oui que je serais amené à poser dans des conditions de contrainte n’aura jamais de valeur à mes yeux. De même, je suis attentif à ne pas faire pression pour convaincre une personne d’option pour une option thérapeutique que je crois intrinsèquement bonne.

Ne pas être en situation d’exprimer un désaccord peut remettre en cause la relation. Je ne peux pas aller au-delà de l’atténuation constituée par une « écriture pénitentiaire ».

D’où peuvent venir les difficultés à dire non ?

Avant de donner quelques hypothèses, je tiens à signaler un certain nombre de non qui peuvent indisposer, voir exaspérer. Il en est ainsi des non systématiques qui traduisent un refus d’écouter, de dialoguer, de faire la moindre concession en vue d’un compromis équitable. Certaines personnes disent non avant même d’écouter. D’autres savourent leur non après avoir laissé penser qu’elles pourraient dire oui. Il existe ainsi des non caractériels et des non correspondant à des positions de pouvoir. Dans la catégories des non insupportables, il faut relever des fins de non-recevoir de toutes une série des structures publiques ou privées qui utilisent le numérique à cet effet, avec une belle efficacité.

 

Quelles sont à présent les difficultés à exprimer des non nécessaires ?

Quelqu’un de trop gentil, qui doute de soi, d’habituellement dominé, qui a eu l’habitude d’être rabaissé, a naturellement des difficulté à dire non, ne serait-ce que par l’avance du respect qu’il fait aux autres. Malheureusement, beaucoup de personne sans gêne confondent gentillesse, politesse et faiblesse. Elles entendent profiter à peu de frais d’une situation. Nous ne devons pas négliger que nombre de relation d’abus ou de violence commence d’une manière engageante. Les abus sur enfant par des personnes d’autorité fonctionnent de la sorte. Le non est alors souvent intuitif, face à la perception d’un danger diffus, d’une situation, d’une proposition, d’une parole ou d’un geste déplacé.

Très nombreuses sont les personnes qui ont du mal à dire non par défaut d’esprit critique. Nous avons vérifié la soumission quasi-générale aux consignes rattachées à la pandémie.

Certain disent non quand il faudrait dire oui et non quand il faudrait dire oui.

 

Quelles sont vos difficultés à dire non ? Vous ont-elles valu des déboires ? Avez-vous progressé sur ce plan ? Savez-vous dire oui ?