lundi 30 janvier 2012

Nicolas Jeanelle (psychologue stagiaire) :

Lorsque je me suis intéressé à la structure de l'AREA, j'ai été frappé par son approche du soin menée de manière pluridisciplinaire. La clinique qui en découle s'intéresse tout autant à l'aspect psychologique que sociologique de la problématique alcoolique. La spécificité du psychologue interculturel est justement de tenter de faire un pont entre ces disciplines que l'on a longtemps opposées comme aspects dissociés d'une même réalité... L'anthropologie mène justement cette réflexion sur la culture, son impact et sa place dans les sciences de l'homme.

Une approche dite « culturaliste » tente d'ériger la culture en entité figée et déterminante des comportements humains.

Une autre approche « négationniste » semble placer l'individu hors de son environnement, niant un aspect évident de la réalité.

Prônant, peut-être, la vertu du « juste milieu », c'est Georges Devereux, anthropologue et psychanalyste, qui opta en faveur d'un « complémentarisme » en sciences humaines. Il sera le pionnier de l'ethnopsychanalyse et de sa diffusion en France.

Aujourd'hui l’ethnopsychanalyse reste une approche très méconnue, qui souffre comme toute méthode de ses guerres de chapelles. Pourtant, il s'agit avant tout d'une posture qui permet d'envisager le psychisme dans son rapport au monde.

L'alcoologie pourrait connaître le même écueil que l'approche psychanalytique dite « classique » : ne pas prendre en compte dans son dispositif et dans sa réflexion clinique l'existence de mécanismes de défense propre à certains groupes humains (culturels, institutionnels, nationaux, ethniques...).

L'enjeu serait ici à la fois de mener une réflexion autour de l'anthropologie du « boire social », mais aussi de nuancer la problématique alcoolique dans son rapport aux systèmes d'appartenance (tels que la culture, la famille...).

C'est avant tout un débat qui s'ouvre ici... débat qui ouvre sur l'alter, l'autre. L'autre, le différent, que représente-t-il pour nous ? Un enrichissement, une menace ? Je préfère ici laisser la parole aux autres...

HG : La proposition d’élargir notre regard sur la problématique alcoolique en abordant le champ de « l’ethnopsychanalyse » m’a paru très intéressante. Comme l’indique la présentation, cette approche pose autrement la question de l’autre et de la façon de s’accorder avec lui.

Une de nos expressions est : « l’autre si différent, si ressemblant ».