Lundi 2 Octobre

  La légende rapporte que Diogène, le philosophe cynique, se promenait dans les rues d’Athènes, avec une lanterne, en proclamant : « Je cherche un homme ». Son interpellation atteste que la question n’induisait pas de réponse facile. Sans doute un homme est-il identifiable par ses attributs anatomiques. La science a établi son caryotype sexuel XY, bien qu’il puisse exister d’autres présentations masculines pour d’autres caryotypes, avec cependant une infertilité en raison de l’absence de production de spermatozoïde. Le profil hormonal, avec la testostérone, contraste avec celui de la femme. Chez elle, l’excès de pilosité est déterminé par l’activité des surrénales. Pas de confusion possible, en principe, alors même que les rapports sociaux et les préférences culturelles ont longtemps assigné des rôles bien distincts entre les femmes, les hommes, les vieillards et les enfants.

Longtemps, les hommes ont fait étalage de leur force physique et de leur position sociale pour assurer leur protection et leur domination sur les femmes. Celles-ci avaient le privilège et le handicap d’enfanter et dans certains milieux d’apporter leur dot en complément de leur jeunesse. Les temps changent depuis plus d’un siècle en Occident : droits à l’éducation, aux fonctions sociales éminentes. Le droit de vote s’est généralisé et les inégalités de salaires tendent à s’effacer. Les sports réputés physiques, individuels et collectifs, sont pratiqués dans les deux sexes.

La spécificité anatomique des femmes et l’évolution de la législation leur donnent désormais un avantage décisif sur les hommes : elles peuvent se passer d’un partenaire pour procréer et élever leur enfant. Il suffit d’un peu de semence masculine décongelée. Le champ de addictions lui-même est désormais ouvert à l’égalité : les femmes boivent et fument autant que les hommes. Dans l’histoire des familles, les pères sont souvent donnés comme absents. Les nouveaux pères sont plus maternant, plus disponibles, du moins en théorie. En alcoologie, il n’est pas rare que l’homme finisse par retrouver sa mère après que son épouse en ait eu assez d’assurer cette fonction auprès de lui. Si on ajoute à ces observations, le constat de l’effacement des figures d’autorité, l’enseignant, le religieux, le juge, le responsable politique, alors même que la bisexualité médicale est devenue manifeste, la question devient légitime : qu’est-ce qu’un homme ?

La préférence sexuelle ne saurait jouer un rôle discriminant, même si on n’accorde peu d’intérêt à la théorie du genre. Nul ne se risquerait à solliciter une étude comparative, en fonction des préférences sexuelles, pour ce qui est des perversions, du narcissisme pathologique, des assassinats ou des lâchetés contemporaines.

La philosophie, en définitive, semble être la voie la plus sûre pour définir ce qu’est un homme au sens générique. Les particularités concrètes ou les choix amoureux sont peu déterminants pour notre réflexion.

Á un autre niveau, la psychanalyse peut apporter ses éclairages. L’homme générique, à la différence d’un enfant ou d’un fanatique, est censé être maître de ses passions, pulsions et compulsions.

 Qu’est-ce donc pour vous qu’être un homme, tant du point de vue générique que d’un point de vue personnel et identitaire ?