​​​​​​​​​​Lundi 16 Octobre 2017


Une thématique bien délicate et pourtant décisive à aborder, d’autant que la réécriture de la Clé n°4, celle des affects, est imminente.

Dans l’après-alcool immédiat, l’urgence n’est pas de s’ouvrir à la vie amoureuse ni même de renouer des liens forts avec ses proches, comme si rien ne s’était passé ou ne pouvait survenir encore. L’urgence est de laisser le temps sans alcool opérer ses bienfaits par la récupération des capacités cognitives induite, de même que l’amélioration physique qui s’opère plus ou moins spectaculairement. Une fraction non négligeable de patients ont leur discernement durablement altéré, après le sevrage. Le sujet est au mieux convalescent.

L’évolution des sentiments des proches est des plus contrastées. La prudence, si possible bienveillante, est sans doute l’attitude la plus appropriée. Il est opportun, dans cette période, que le proche le plus proche viennent s’informer ̶ si ce n’est fait ̶ de la bonne attitude. Comprendre la problématique alcoolique est très compliqué. Le proche doit abandonner les attitudes de contrôle, se recentrer sur ses priorités, ne pas présenter « l’ardoise », ne pas exiger du jour au lendemain une implication forte pour les charges familiales. Pour reprendre une formule, il doit ‘‘vivre et laisser vivre’’. Il n’est pas non plus indispensable d’abreuver le nouvel abstinent de témoignages d’allégresse ou d’enthousiasme, de télégrammes de félicitation. Les sourires des enfants doivent suffirent. Le réchauffement des sentiments est un processus lent, fait d’attentions réciproques.

La vie sentimentale dépend du parcours de vie déjà accompli et la nature de la « constellation familiale » après l’arrêt de la consommation. Le contexte n’est pas le même, s’il y a ou non un partenaire, des enfants, un entourage, un travail. L’entente avec l’autre parent est déterminante. L’arrêt de l’alcool met au premier plan le mode d’accrochage à l’autre, la personnalité de chacun, le contentieux, les relations de pouvoir instaurées.

L’évolution des sentiments ne se décline pas de la même manière selon que la relation préexistait ou que la relation est nouvelle. L’amour se décline différemment selon les générations, et en même temps il existe des invariants. Chaque partenaire détient un peu des fonctions assurées symboliquement par d’autres tiers : la mère, le père …
Il n’est pas autrement choquant que le choix de l’abstinence coïncide avec une rupture. Parfois, le lien a été dénaturé par la période de l’alcool. Seul substituait un lien de type maternant. Il y a juste place pour le respect mutuel et l’accord sur les responsabilités à assurer en commun.

Que recherchez-vous en priorité chez l’autre sur un plan affectif ?
Qu’êtes-vous prêt(e) à mettre (ou remettre) dans la balance ?
Avoir-vous l’impression de savoir aimer ? Pour vous, c’est quoi aimer ?