Lundi 22 janvier 2018

Une personne admise en hospitalisation brève nous a donné cette phrase, au terme de son entretien d’histoire : ‘‘le droit d’être heureux’’.
Sans doute, pourrait-on lui faire observer que l’alcool de sa dépendance a pour effet de lui interdire catégoriquement la possibilité d’être « heureuse ». En s’alcoolisant, à l’insu de son plein gré, elle évite même de se demander à quelles conditions elle pourrait (re)trouver du plaisir à vivre.
Autre observation : le sentiment d’être heureux ne procède pas d’un article de Droit. Il s’agit seulement d’un état subjectif. Quand avons-nous la sensation d’être heureux ? Probablement quand notre être, comme entité physique, psychique, affective et culturelle, se trouve en adéquation avec notre environnement, quand notre présent se trouve en harmonie avec un passé apaisé et un avenir de nouveau ouvert, quand les efforts consentis semblent trouver une juste récompense.
Le mot droit suggère un autre mot qui est devoir. De ce point de vue, il est facile de relever que les parents ont le devoir non codifié de créer les conditions pour que leur enfant affronte les réalités, par la suite, de telle manière qu’il dispose en lui des ressources intellectuelles et morales lui permettant affronter l’adversité, d’élaborer ses propres désirs et de s’appliquer à la concrétiser, en sachant surmonter les ‘‘revers de fortune’’. Une partie des vécus douloureux ou dépressifs est liée à une enfance traumatique, même si, selon la formule consacrée, l’enfant n’a ‘‘manqué de rien’’. Il ‘‘ne lui a rien manqué’’, pourrait-on dire, avec une signification inverse. Il se trouve qu’un certain nombre de sujets n’ont pas même pris conscience du caractère traumatique des conditions de leur enfance ou de leur adolescence, parfois par manque de comparaison.
De nos jours, pour une majorité de personnes, l’ambiance sociétale, leurs conditions de travail leur donnent un vécu d’anomie (d’absence d’identité stable et positive) et une sorte d’état dépressif où l’épuisement (burn out), le sentiment d’inutilité et de dépersonnalisation (brown out), l’ennui (bore out) dominent.
Le droit d’être heureux se construit au fil des jours.

Qu’en est-il pour vous ?