lundi 12 mars 2012

La mode a changé. Il est moins question de prévention dans le discours officiel à propos des addictions. Il est régulièrement fait état d’opérations de police sur les routes ou d’horaires de fermeture des bars, de faits divers. Certaines grandes entreprises ont édicté des chartes sur l’alcoolisme. Aucune n’a publié de résultats. Les médecins du travail parlent plus facilement et mieux des addictions. Tout laisse penser que les interventions en milieu scolaire n’ont aucune portée. Le fait que les gens consomment moins de vin au cours des repas habituels n’a en rien réduit les alcoolismes qui ont pris une tournure plus solitaire, plus grave car plus orientée vers la perte de conscience.

L’installation de la problématique d’abus et de dépendance répond à des facteurs avant tout générationnels et familiaux, à des éléments de développement du psychisme dans ses aspects psychopathologiques, addictifs, affectifs et émotionnels, à des éléments de culture et de sens. Nous sommes confrontés à un problème de masse. L’alcoolisme interroge la société et son organisation. Les réponses sont donc plutôt éducatives, culturelles et politiques, en termes de prévention primaire.

La pluralité des facteurs aboutissant à une dépendance, le caractère massif, insidieux ou rapidement progressif d’une problématique alcoolique suppose que les premières démarches d’aide soient facilitées par la qualité des premières rencontres avec des personnes compétentes. C’est ainsi que commence la prévention secondaire.

La complexité et la difficulté d’une problématique alcoolique exigent des offres de soin pertinentes, donc réfléchies, adaptées, privilégiant le cadre, l’efficience, la complémentarité des compétences et des équipes. La prévention secondaire met directement en jeu l’accessibilité, la consistance, la qualité du dispositif de soin.

La prévention tertiaire s’applique aux conséquences somatiques, familiales et sociales d’une addiction ayant eu le temps de faire des dommages, souvent graves et difficilement réversibles. Elle a un coût très élevé, y compris sur le plan humain, pour des résultats souvent médiocres.

Il se trouve que la prévention peut largement s’appuyer sur les alcooliques devenus sobres, principalement dans le champ secondaire. Encore faut-il que les alcooliques sobres prennent clairement conscience de leur responsabilité politique pour répondre au défi du mal-être humain et de l’avenir des sociétés.

Il n’est  de bonne critique que constructive.

Qu’est-ce qui peut faire prévention en matière d’alcoolisme ?

Comment voyez-vous votre rôle dans les préventions ?