Lundi 5 mars 2018

De quoi avons-nous peur ?
Nous ne manquons pas de sujets de préoccupation, d’inquiétudes pour le présent et pour l’avenir. Nous sommes plus ou moins anxieux et même angoissés. Nous pouvons ressentir en nous un niveau variable d’anxiété, pouvant aller jusqu'à des crises de panique et des peurs qui se rapportent plus précisément à une situation ou à un objet.
En même temps, nous ne manquons pas de ressources pour prendre la mesure de ces peurs en contrôlant ces émotions par la raison, des exercices physiques ou en les négligeant. Toutes nos peurs ne sont pas irrationnelles. Certaines jouent même le rôle d’alerte et peuvent nous inciter à adopter une attitude et à poser des actes justifiés par la situation faisant problème. Nous avons certainement à hiérarchiser ces peurs, tout en faisant le tri entre les peurs fondées et celles qui ne le sont pas et, au sein des peurs fondées, entre celles qui relèvent de notre pouvoir et celles qui échappent à celui-ci.

Parmi vos peurs, quelles sont celles que vous estimez irrationnelle et cependant gênantes ? Quelles sont les peurs que vous estimez fondées ? Quelles solutions leur opposez-vous ?

Pour éclairer cet exposé des motifs, je peux me risquer à faire brièvement l’état de mes peurs et des contrefeux que je leur oppose.
Je fais une distinction catégorique entre les préoccupations sur lesquelles je n’ai aucune prise et les autres. Cette disposition me permet d’écarter, au moins émotionnellement, les menaces qui pèsent sur notre vie quotidienne, notre vivre-ensemble, le devenir de notre pays et de la planète. Je m’y intéresse intellectuellement dans la mesure où la réflexion que j’en retire peut nourrir tel ou tel aspect de ma pratique. Mon addiction au temps, dans sa relativité, fait que je n’accorde pas d’importance aux faits divers et à l’information telle qu’elle nous est délivrée. Je ne souhaite pas ‘‘partir’’ avant l’heure, aussi j’effectue les choses simples qui me permettent de vivre en bonne santé physique et mentale, jusqu’au jour où une maladie ou un accident dicteront leur loi. Je suis très affectivement attaché à de nombreuses personnes. Tout malheur qui les toucherait m’affecterait directement et gravement. Je suis donc conscient de ma vulnérabilité. Concernant mon activité professionnelle, je pense avoir fait l’essentiel de ce qui était possible même si je ne renonce pas, pour reprendre la formule de François Gonnet, à aller ‘‘le plus loin possible’’.
J’entends rester le plus possible dans la position d’un épicurien pragmatique, soucieux du monde et des autres mais conscient de ses limites.
Je ne manque donc pas de sujets de préoccupation. Je peux être traversé par des peurs transitoires mais dans l’ensemble tout va bien.