Lundi 19 Mars

Lundi 19 Mars

Corinne m’a sollicité pour un thème sur l’oralité. Pourquoi pas, après tout ? Il semblerait que nous soyons de nouveau dans une période de ‘‘gros temps’’ pour l’AREA, comme me le faisait remarquer Michelle. Notre modeste navire va-t-il se briser sur des icebergs surgis de la brume ? Je n’en sais rien et je vais finir par décider de ne pas m’en préoccuper. L’oralité, donc, mais alors en privilégiant la question sous l’angle épicurien.

Cela nous évitera de disserter sur les stades psychanalytiques de la maturation psychoaffective : l’oralité étant le premier d’entre eux, suivi de près par l’analité. Henri Sztulman, un enseignant toulousain auteur d’un remarquable pamphlet de la pensée dominante, publié sous le titre « Psychanalyse et humanisme », m’avait parlé de son désir de rédiger un opuscule sur « L’avidité ». C’était sans doute un peu tard dans sa carrière pour mettre ce projet d’écriture à exécution.

 Je n’ai pas envie d’encombrer votre esprit en évoquant les goinfres, les fessiers qui occupent deux sièges d’avion ou les faméliques des magazines de mode. Je connais plusieurs patients qui ont dû faire le choix d’un by-pass pour perdre les dizaines de kilos en trop. Cette opération entraîne une malabsorption intestinale et souvent de nombreux troubles métaboliques. J’avais mesuré, un jour, la détresse d’une patiente qui m’avait apporté le plateau-repas qu’elle ingérait pour se faire vomir et apaiser une tension psychique insupportable. J’ai rencontré et rencontre des boulimiques anorexiques en recherche de repères et de sens. L’avantage des troubles du comportement alimentaire sur l’alcool est qu’ils préservent la lucidité et n’occasionnent pas de préjudices sur l’entourage, sauf quand ils engagent le pronostic social ou même vital comme dans le cas de l’anorexie. Souvent, les troubles de l’oralité s’associent à des conduites addictives, ce qui change la nature du pronostic de la pathologie. Le grignotage, comme transfert d’oralité ou un goût immodéré pour les produits sucrés sont trop connus chez les nouveaux abstinents pour qu’il soit utile d’en parler.

Pour rester dans le domaine de la psychopathologie, une question : Avez-vous eu des troubles du comportement alimentaire caractérisés ? Qu’en reste-t-il ?

Sur un tout autre plan, parlez de vos goûts alimentaires, de vos talents éventuels en cuisine

Comment conjuguez-vous l’épicurisme philosophique et les plaisirs de la table ? Cela nous mettra en appétit.