26-03-2018

La manipulation est un mot employé dans la problématique alcoolique. Les personnes alcooliques ont la réputation d’être manipulatrices. Ce trait de personnalité n’est pas constant chez elles. Elles en ontencore moins l’exclusivité. Certes, à la période de l’alcool, celui qui boit est amené à se cacher et à mentir. Il ne s’agit pas de manipulation. Le buveur ne trompe personne en dehors de lui-même, à moins d’une alcoolisation strictement solitaire et inapparente. 

La manipulation consiste à abuser l’autre de telle manière qu’il fasse ce qu’on attend de lui ou qu’il ne voit rien venir, jusqu’à ce qu’il soit confronté aux résultats de la tromperie

Dans le langage courant, il est très souvent fait référence aux pervers narcissiques comme championsde la manipulation. De ce fait, la manipulation est assortie d’un jugement moral qui la condamne. 

Pouvons-nous imaginer des variantes de la manipulation qui ne soient pas condamnables ? La ruse a un statut ambigu. Lorsqu’elle est le fait d’une personne en danger et en position de faiblesse, elle est bien considérée, ainsi Ulysse face au Cyclope. Qu’est-ce qui distingue l’habileté relationnelle de la manipulation sinon son objet ? Chez quelqu’un agissant par esprit de contradiction ou par opposition, il est parfois proposé une injonction paradoxale qui le conduit au meilleur choix pour lui, malgré lui. La manipulation n’est pas forcément en rapport avec une parole ou une attitude mensongère. Le manipulateur peut se contenter de faire silence ou de ne pas démentir en cas d’une erreur d’interprétation. 

La manipulation est une activité fatigante, compliquée. Le manipulateur finit par être repéré tôt ou tard, il s’isole. Il perd sa crédibilité et, en définitive, il fait le vide autour de lui. Il a donc toujours besoin de trouver d’autres personnes à abuser. En conséquence, une ‘‘méthode’’ alternative gagne à être utilisée le plus souvent possible : la sincéritéassortie de rigueur intellectuelle. Sans doute, celle-ci justifie-t-elle d’être employée avec le souci de ne pas blesser l’autre, de ne pas lui faire du tort. Il est parfois utile de délivrer son opinion de façon graduelle, de manière à ce que l’interlocuteur trouve de lui-même la bonne réponse ou la bonne attitude. Ce n’est que lorsque la situation l’exige que ce que nous pensons vrai doit être signifié le plus clairement possible, en gardant le souci de ne pas blesser l’autre mais en étant attentif à ouvrir les yeux, sans souci de se justifier.

Votre vie a-t-elle été empoisonnée par la présence de manipulateurs ?

L’êtes-vous vous-même ?

Quelles variantes respectueuses de l’autre, voyez-vous à la manipulation ?