Lundi 23 avril 2018

Corinne est décidément en veine de propositions thématiques. Un échange courriel me conduit à vous proposer ce thème original : prodigalité, économie, avarice, soit trois types de rapport à l’argent. Pour une fois, les définitions sont aisées à donner. La prodigalité consiste à dépenser sans compter et sans grand discernement. L’économie consiste à dépenser ce qui convient pour des choses qui en valent la peine. L’avarice est une distorsion dans la relation à l’argent, thésaurisé pour lui-même, probablement pour se sécuriser. 

Au temps de l’alcool, il s’observe souvent une prodigalité déterminée par le souci d’en mettre plein la vue, ou par une forme d’inconscience prouvant que le dépensier a totalement dissocié l’équivalent-travail de l’argent qu’il « brûle », même s’il manque d’argent pour assurer le nécessaire : les factures, les prélèvements obligatoires, la subsistance, les dépenses obligatoires, un budget ‘‘plaisirs ou loisirs’’ adapté à ses possibilités, une épargne pour les impondérables et les projets…

A la période du sans-alcool, le sujet devient souvent ‘‘regardant’’, comme si toute dépense sans lien avec l’addiction suspendue était ‘‘en trop’’. Nous en tenons compte par la modestie de l’adhésion demandée à l’AREA, ouverte sur des dons potentiels. Tout se passe comme si le sujet passait d’une phase d’avidité orale – consommer beaucoup et plus, y compris de façon préjudiciable –  à un stade de rétention, évoquant « l’analité » psychanalytique. 

A la période de hors-alcool, il faut souhaiter à chacun de trouver le sens de l’économie, en évitant les dépenses inutiles, en s’évitant de se prendre la tête avec des questions d’argent, en sachant choisir ce qui convient à ses besoins – en sachant être généreux à bon escient. 

Nous remarquerons que dans le soin – exemple sans doute généralisable  ̶ l’argent est souvent utilisé en dépit du bon sens. Pour mémoire, le prix de journée à l’hôpital psychiatrique public est supérieur à 2000€ par jour. Nous savons tous l’utilité faible et parfois même contreproductive des cures et des postcures classiques, indépendamment de la qualité des équipes.  Et combien, le travail complexe est peu considéré. 

Avez-vous remarqué une évolution de votre rapport à l’argent pendant l’addiction, après son arrêt, et à distance de l’arrêt ?

Quels usages prioritaires faites-vous de l’argent ? 

Faites-vous une équivalence entre la valeur-travail et l’argent ?