Lundi  26 Novembre

 

S’il est facile de constater les intrications de sens entre pouvoir, autorité et persuasion, il est moins évident de réfléchir aux soubassements de l’autorité. Qu’est-ce qui conduit un groupe à établir une personne dans une position d’autorité ? Rien d’autre que la nécessité. Il n’est pas imaginable de concevoir un corps sans tête.

Dans «  Habemus papam »,  de Nanni Moretti, les cardinaux réunis en conclave désignent un des leurs comme pape, magistralement incarné par Michel Piccoli. Contre toute attente, l’élu décline cette responsabilité. Il ne se sent pas apte à endosser le poids des charges rattachées à cette fonction symbolique et politique. Par son refus, il écarte la perspective d’un pouvoir et son identification à une image d’envergure mondiale. L’assemblée des cardinaux est un modèle de démocratie restreinte. Nous pouvons y distinguer les phénomènes de la désignation, d’un côté, et de l’acceptation, de l’autre.

Une autorité de type politique accepte d’endosser la responsabilité d’une mission. Elle devra, de ce fait, prendre en compte l’ensemble des réalités concernant son champ d’intervention, établir les priorités, les étapes, les compromis, affronter les obstacles et les imprévus, saisir les opportunités, tolérer les défaillances et les incompréhensions, prendre avis et trancher. En cela, l’Autorité rejoint la solitude et l’exercice du Pouvoir.

À la différence du Pouvoir, l’Autorité est consensuelle, à chaque étape de sa mise en jeu. Cette autorité de type démocratique s’oppose à l’Autorité traditionnelle, symbolique et décorative, des régimes monarchiques ou parlementaires, où le pouvoir décisionnaire réel est exercé ailleurs par l’Etat fonctionnaire, les regroupements économiques, les mécanismes financiers. L’autorité démocratique se nourrit du dialogue et de la transparence. L’autorité monarchique cultive l’illusion, alors même qu’elle peut être privée de tout pouvoir réel.

Une des caractéristiques de l’idéologie scientifique est de prétendre écarter la subjectivité au bénéfice de la méthode, de la preuve par la reproductibilité des résultats. En alcoologie, rigueur et souplesse sont associées, de même que la prévisibilité cohabite avec les surprises, interdisant la pensée paresseuse.

En alcoologie, le Pouvoir est longtemps celui de l’alcool. Celui-ci apparait comme un mystificateur. Il se donne à voir comme une source de force et de plaisir alors il garantit à terme le désordre de l’intelligence, la boursoufflure des émotions et qu’il institue l’irresponsabilité, la souffrance et les préjudices en règles de vie.

La sobriété alcoolique et mentale est le plus sûr chemin pour retrouver la seigneurie de soi-même (Goethe). Celle-ci associe des éléments de pouvoir, d’autorité, avec comme ciment la mise en jeu d’une persuasion fondée sur la raison  et la sensibilité.

Comment déclinez-vous, dans votre vie, pouvoir, autorité et persuasion ? Quelle est votre position première face à ces trois phénomènes ?