Lundi 11 Février 2019

 Il arrive souvent que la question des « crises existentielles » soit soulevée au cours des consultations. Ainsi, il est question des crises du « milieu de vie ». Pour ma part, cette expression m’a toujours fait sourire. Qu’est-ce que le milieu d’une vie sinon une abstraction statistique, résolument optimiste ?

Les bouleversements dans une existence peuvent survenir à tout moment. L’équilibre acquis en est alors ébranlé. Un grand nombre des problématiques humaines qui débouchent un jour sur une addiction trouvent leur origine au tout début de la vie, dans l’éventualité, par exemple, d’une grossesse non désirée ou d’un état dépressif. Le devenir identitaire ou la personnalité d’un enfant peuvent prendre forme très tôt par le jeu des interactions avec l’environnement immédiat. Nombre de vies sont ainsi précocement endommagées et la notion de crise existentielle devient arbitraire.

Nous pourrions souligner combien l’ambiance sociétale, les pertes de repères et de perspectives constituent une source de crise permanente.

Les crises de l’adolescence sont aujourd’hui largement instrumentalisées par le contexte économique et médiatique. La marginalisation sociale, le chômage, la précarité et les épuisements professionnels sont également de grands pourvoyeurs de « crises », à pratiquement tous les âges. La survenue d’une maladie grave détermine une crise existentielle, tout comme la perte d’un être particulièrement cher.

Nous pourrions associer la notion de crise à celle de perte… Ou, tout aussi bien, avancer l’hypothèse que certaines personnalités constituent des crises, indépendamment de tout facteur extérieur. L’alcoolique « en activité », c’est la crise permanente ou récurrente.

La solution addictive engendre dès l’adolescence et plus tôt, par effet d’ambiance, une multitude de crises existentielles. Dès lors, plutôt que cultiver ce genre de lieux communs, l’important est d’examiner les parades les meilleures pour affronter et dépasser les différents épisodes qui secouent nos existences, qui seraient, selon la « pensée positive », autant d’opportunités.

Quelles sont les réponses aux « crises existentielles » ? Nous essaierons de les distinguer lors de notre séance.