La communication assertive dans la problématique alcoolique

Lundi 8 juillet 2019

Cette séance interviendra avant la rencontre avec le responsable haut-garonnais de l’ARS. Il nous a été demandé le mercredi 3, deux jours avant le rendez-vous prévu, de trouver une autre date dans la semaine du 15 juillet, avec Monsieur Reysseguier et Yvan. Nous nous appliquerons à rester dans l’esprit de ce qui est appelé la communication assertive.

L'assertivité peut se définir comme la capacité à exprimer ses réflexions ou ses attentes de façon claire et non agressive.

La communication ‘‘assertive’’ est présentée comme la solution pour résoudre les conflits. Mon premier mouvement face à un concept de ce type soulève une imperceptible ironie. L’exploration d’Internet montre, sans surprise, que la notion appartient au vocabulaire du management.

Pourtant, sur le fond, je fais miens les termes de cette nouvelle formule. Je la vis comme une mise en forme du bon sens pour la communication. J’imagine que personne a priori n’espère pouvoir communiquer efficacement dans la confusion et l’approximation, en hurlant et en gesticulant, en insinuant et en distillant de la malveillance, dans le déni et la mauvaise foi. Quoique cela s’observe souvent… Mais allez savoir, sans le savoir, peut-être êtes-vous déjà un communicant assertif ?

Pour ce qui me concerne, je m’efforce de penser par moi-même. J’essaie de penser de façon fondée, ce qui me demande un effort de connaissance. Je m’efforce de dissocier suffisamment mes affects pour maintenir une relation correcte avec la réalité, en me méfiant de ses apparences. Je reste prudent dans mes interprétations. J’admets pouvoir me tromper. Je ne saurais avoir d’avis sur tout. J’ai essayé de progresser sur le mode récepteur (écoute) et émetteur (formes de communication). Dans l’ensemble, face à l’autre, je garde mon calme.

L’objet de notre échange a un objectif concret :

Comment concevoir un atelier d’aide à la relation favorable aux progrès de communication des personnes alcooliques ?

Nous nous efforçons de proposer à nos adhérents de l’AREA, des moyens de progresser en matière de relation à l’autre et, par conséquent, en communication. C’est la raison d’être de l’atelier animé par Georges. Nous avons pensé avec lui qu’il serait bon de l’expliciter et de donner à cet atelier un contenu résolument utile et, de ce fait, attractif.

Nous pouvons en préliminaires nous interroger sur ce qui entrave ou empêche notre besoin ou notre désir de communiquer avec quelqu’un. Certains éléments ne dépendent pas de nous. Le ‘‘récepteur’’ doit être branché. Il ne sert à rien de parler à quelqu’un qui n’écoute pas et, parfois même, ne sait pas écouter, trop occupé à se faire entendre. C’est d’ailleurs amusant de ‘‘brancher’’ un récepteur.

Il existe plusieurs niveaux de communication. Ce qui est expressément dit prend des significations différentes en fonction de la voix, du ton, du rythme, du débit. Toute la communication ne passe pas par les mots. Le suggéré par l’attitude générale peut renforcer, affaiblir ou contredire le langage des mots. Nous savons que nous disposons d’un mode de communications préférentiel : la voix, le regard, l’expression du visage, le positionnement du corps. Nous devons en tenir compte comme émetteurs et comme récepteurs.

Les capacités d’attention du récepteur sont fluctuantes. Les enseignants souffrent face aux hyperactifs, incapables de se concentrer plus de quelques secondes. Nous devons tout au long de notre exercice de communication veiller à transmettre de la façon la plus complète possible à la fois comme émetteur et comme récepteur. Ainsi, si nous sommes spontanément plus auditifs que visuels, nous aurons à ne pas négliger que face à nous, certaines personnes ont besoin de croiser notre regard pour mieux entendre, alors que d’autre s’en détourneront. Nous devons avoir à l’esprit de parler suffisamment de façon claire et distincte pour être entendu. Par exemple, beaucoup de jeunes gens s’expriment sans avoir le souci d’articuler, à un débit qui n’autorise pas l’écoute attentive ni ne tolère l’interruption. Il est bon de vérifier régulièrement si l’auditeur ou l’auditoire suit l’exposé.

Il n’est pas facile d’être récepteur. D’abord parce ce que ce qui est dit peut manquer d’intérêt pour nous. Ensuite, parce qu’en cas de désaccord, il est pénible de laisser se prolonger une argumentation fausse. On peut toujours s’en tirer par un commentaire humoristique.

Ces éléments de communication étant précisés, quels sont les principaux obstacles à une communication efficace ? Les émotions négatives constituent certainement un facteur d’empêchement. Le regard de l’autre peut être intériorisé – y compris par anticipation – sur la forme du jugement, suscitant une honte et une perturbation émotionnelle handicapante.

Il est important, avant d’affronter un interlocuteur dont on redoute les commentaires, de faire en amont un travail qui affaiblisse ou supprime la honte que nous pouvons nous mêmes éprouver pour nos actes ou notre apparence.

Nous devons apprendre à être naturels, quel que soit le contexte ambiant. Pour cela, il suffit de maîtriser ce que nous avons à dire. Nous pouvons choisir de réfléchir suffisamment sur le fond de l’échange ou faire confiance à la relation qui s’instaure, en déroulant notre pensée à mesure que progresse l’échange. Nous devons savoir écouter pour nous exprimer en retour, sans perdre le fil de notre pensée, quitte à signaler que nous l’avons perdu, pour mieux s’en ressaisir.

La communication est servie par la maîtrise du vocabulaire employé et par notre souci de construire des phrases compréhensibles. La communication sert de la sorte à affiner notre propos. La communication écrite a l’avantage de pouvoir être revue et corrigée. La communication orale a la facilité de sa spontanéité. Elle véhicule aussi des approximations. Dans les deux cas, les progrès s’obtiennent par l’entraînement. La communication doit pouvoir évoquer une musique par son rythme et ses variations.

La finalité de l’atelier d’aide à la relation est précisément d’améliorer les capacités de chacun à communiquer ce qui est important, tout en étant en situation plus ou moins compliquée. Ce n’est pas un concours d’éloquence ou un exercice théâtral, même si…

L’atelier peut nous aider à lire à voix haute un texte, à organiser un échange contradictoire sur la base d’un jeu de rôles… Les propositions sont les bienvenues.