lundi 23 avril 2012

Dominique était présente à la consultation quand le hasard d’une interruption téléphonique m’a donné ce thème : « Comment se faire des amis ? ». Ce titre, emprunté à un livre éponyme de Dale Carnegie, doit parler à tout le monde et, en premier lieu, à notre équipe de stagiaires. Carnegie se fit une réputation internationale, avant l’avènement des grands medias actuels, du management post-moderne et des préoccupations individualistes du « développement personnel ».

Souvent, celui qui boit seul chez lui, si par chance il réussit à travailler sans alcool, garde un cercle amical bien utile quand son problème se découvre. Dans les petites entreprises, c’est parfois l’employeur qui s’efforce d’aider celui qui s’enfonce. Cela prouve que l’alcoolique peut disposer de soutiens amicaux, alternative au compagnonnage du bistrot. Les enfants jouent aussi parfois ce rôle, sans faire la morale. Des relations à caractère amical se font souvent lors de nos stages. Après, c’est le lien avec l’alcool et le contexte qui font que le réseau amical se développe ou non. La situation, de nos jours, est loin d’être toujours aussi favorable. Les replis et les régressions sont fréquents, y compris chez les abstinents qui ne trouvent pas en eux l'élan nécessaire. La solitude perdure parfois au sein des familles et même dans les couples qui s’entendent plutôt bien malgré les silences, les divergences de pensée et de priorités, les méconnaissances persistantes de la problématique alcoolique. Le groupe générationnel ou professionnel peut empêcher le droit à la différence et fonctionner comme un censeur, s’opposant à ce qui menacerait sa cohésion. Il faut du courage, par exemple, à un jeune qui constate qu'il « boit de travers » pour se distinguer de ses camarades ou de sa fratrie et adopter une attitude différente.

Pour développer une relation d’amitié, il convient soit de s’accorder sur une passion commune qui relativise les différences, soit de se rencontrer par l’effet des échanges de points de vue et le dialogue. Comment, autrement, entretenir une amitié ?

L’ami se reconnaît à sa fiabilité, à sa constance, mais aussi à sa liberté d’opinion. En cela, il ne se distingue en rien de l’amoureux.

Des amitiés créées à l’adolescence perdurent toute une vie. L’amitié est-elle la trace de l’esprit adolescent ?

Est-il licite de distinguer des amitiés fraternelles, maternelles, paternelles ?

Quelles sont les personnalités les moins aptes à développer des relations amicales ?

Le groupe de parole peut-il être considéré comme un « ami collectif » ?

Comment se faire des amis dans une dynamique d’ « abstinence épicurienne » ?