Lundi 19 août 2019

Le thème est d’une actualité permanente en alcoologie et partout ailleurs. « La société se ment » avait lancé lors d’une séance, un hospitalisé. La suite avait montré qu’il mentait aux autres et se mentait aussi, jusqu’à perdre contact avec sa réalité d’alcoolique et continuer à boire. Sa lucidité ne lui servait à rien, sinon à se disculper à peu de frais.

Je me doute que nombre d’entre vous se vivent comme de fieffés menteurs. En même temps, je ne trouve pas que les mensonges de la personne alcoolique relèvent de l’art. Ils sont parfois très alambiqués mais rapidement éventés car très répétitifs. Il faut beaucoup d’aveuglement et/ou d’ignorance chez le proche pour qu’il donne crédit aux mensonges de celui qui boit.

Quand elle est sous la dépendance de l’alcool, la personne alcoolique a le choix entre la dissimulation (par honte et pour continuer à boire), le mensonge (suivi de regrets en parole et de promesses non tenues), la dénégation (je ne bois pas tant que ça, je bois moins), et le déni (je bois comme les autres, car elle ne se voit pas boire). Elle peut même s’offrir le luxe de la vérité : « Je bois parce que je suis alcoolique ».

Le mensonge est un art s’il est indétectable et s’il est utilisé à « bon escient », sans intention d’abuser l’autre et de se tromper soi-même. Le mensonge peut avoir une dimension éthique s’il correspond au souci de ne pas délivrer une vérité inutile, qui ferait mal, qui serait incomprise ou retournée contre soi. Nous n’avons pas toujours les moyens d’exprimer ce que nous pensons et désirons. Un climat de censure favorise des mensonges de conformité apparente.

Un patient me disait que depuis qu’il avait cessé de boire, il ne mentait plus, lui qui était un fieffé menteur. Il savait avec concision dire ce qui était nécessaire et compatible avec ses choix de vie.

Mieux vaut se taire que d’asséner des pseudo-vérités. Il y a les mensonges que l’on fait aux autres et ceux que l’on s’inflige, qui sont parfois les mêmes.

Le mensonge est-il pour vous un handicap ou un avantage ?

Êtes-vous expert dans l’art de mentir (au vu des lignes ci-dessus) ?