Lundi 9 septembre 2019

Un article de la Revue « Alcoologie, addictologie », de Laurent Karila et collaborateurs me donne l’occasion de vous proposer « la sexualité addictive » comme thème.

Je retiens quelques lignes de ce texte pour la présentation. Des termes relatifs à une sexualité addictive ont fleuri dès le XIXème siècle jusqu’à nos jours : nymphomanie, donjuanisme, comportements sexuels compulsifs, addiction sexuelle, comportements hypersexuels…

L’article donne des renseignements sur l’industrie du sexe pour adultes. L’objectif est la « gratification immédiate ». Comme il est précisé, l’exposition à de nouvelles images et à de nouvelles expériences sexuelles est sans limite. La part du pornographique représente 12% de la totalité des sites. 90% de la pornographie américaine légale est produite dans la « Porn valley » communément : vallée de San Fernando. Son contenu est établi à partir d’études de marché permises par les Big Datas.  Les réseaux sociaux sont des supports très utilisés, tout comme l’outil multifonction à la portée de tous : le smartphone. Nul besoin d’avoir accès au dark ou au deep web.

Il est difficile de se fier à des pourcentages en l’absence d’études sur de larges « échantillons » de population. Disons qu’il existe une relation de cause à effet entre le nombre des clients et la facilité de fréquentation des sites. D’autre part, l’élargissement des limites d’âge dans les deux sens fait partie des constats.

Le diagnostic de « comportements sexuels compulsifs » répond à de nombreux critères dans les classifications nord-américaines. Les qualificatifs de troubles « irrépressibles » et « obsessionnels » sont constants. L’action compulsive est absorbante, envahissante, avec des retombées négatives diversifiées sur les capacités de réflexion et d’action ainsi que sur la vie affective et relationnelle.

D’un point de vue émotionnel, l’accent est mis sur la sensation d’ennui, la faible estime de soi, le sentiment de solitude. Les relations sexuelles s’associent à une indifférence affective pour les partenaires. Les perturbations à caractère psychiatrique se retrouveraient dans 2/3 des cas : anxiété, troubles de l’humeur, dépression et phobies.

Les personnalités les plus sensibles à la sexualité addictive sont, sans spécificité, les personnalités hystériques, paranoïaques, obsessionnelles, passives, agressives. Les comorbidités addictives sont très fréquentes. L’addiction au jeu est très fréquente. Il est fait une allusion au bric-à-brac des « paraphilies » (ou fétichisme). Il n’est pas fait mention des sexualités illégales, comme la pédophilie, ou atypiques, comme la zoophilie.

A noter une façon de s’exprimer « amusante » quand l’auteur évoque la notion de « cybersexe excessif », de « fréquentation excessive de clubs de strip-tease ou échangistes ». Le texte adhère à l’idéologie de la consommation modérée.

Les propositions thérapeutiques se réduisent à fréquenter les DASA (ou Dépendants Affectifs et Sexuels Anonymes, dafafrance.free.fr) et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC).

Si je peux me rapporter aux consultations, j’ai l’impression que :

  • Les patients aux prises avec une sexualité addictive sont en hausse.
  • L’ennui, le mal-être, l’instabilité, la honte et la culpabilité sont très présents.
  • Le cybersexe est une pratique intensive pour un nombre non négligeable de personnes, de l’adolescent au vieillard.
  • La perversion narcissique, accrue par le numérique, est souvent en jeu.
  • La multiplication des partenaires fait partie des normes.
  • L’hypermodernité joue un rôle aggravant indiscutable : pauvreté de la vie relationnelle, stress d’origine professionnelle, mode de vie urbain, effacement des limites éthiques de soi et des autres, possibilité de sublimation très limitée.

Le contexte du travail en groupe ne permet pas de grandes confidences sur un sujet aussi épineux. Cependant…

Que pensez-vous, en général, de la sexualité addictive ? Avez-vous été (êtes-vous) concerné(e) par ce phénomène, d’une façon ou d’une autre ? Quelles sont, selon vous, les alternatives à ce type de souffrance ou de déviance ?