30 novembre 2020
Par les temps qui courent, l’insolence et le respect sont deux attitudes contradictoires dont il convient d’examiner les indications et les formes.
Que dire de l’insolence ?
Les personnes les plus fortunées et les plus dotées de privilèges se laissent parfois aller à une insolence ostentatoire à l’égard de ceux qui ne partagent pas leur position sociale et leurs fadaises idéologiques. Cette insolence qui associe mépris, condescendance et impudeur n’appartient pas aux seules élites. Il existe dans la population, à titre individuel ou collectif, des personnes qui se croient au-dessus des autres au point de le manifester dès qu’elles en ont l’occasion.
Rivarol, qui a été un des penseurs les plus ironiques et les plus insolents de la période révolutionnaire et post révolutionnaire, distinguait deux formes de politesse. Elle peut dépendre de la position de dominé ou refléter l’éducation. Ainsi, des personnes serviles face au Pouvoir ne manquent pas d’écraser à la faveur d’un changement de situation ceux qu’elles sont, enfin en situation d’’humilier voire de détruire mentalement et physiquement.
Nous avons, en France, l’exemple de la Terreur et son recours compulsif à la Guillotine. À l’inverse, une personne, libre et spontanément égalitaire, peut devenir insolente face à un pouvoir abusif ou à une manifestation d’autorité déplacée. Il existe donc un bon usage de l’insolence qui reflète la vivacité et la liberté d’esprit.
Que dire du respect ?
Dans notre république le respect est en principe due à toute personne, quels que soient son âge, sa condition, son sexe et sa couleur de peau. Dans la vie courante, les manquements à ce principe sont d’une grande banalité. L’intolérance se mélange à la bêtise, à l’agressivité, à la vulgarité. Les rapports humains s’en trouvent profondément altérés.
Quelles sont les racines de ce manque de respect ? Les émotions primaires peuvent être une source d’irrespect : la peur, l’angoisse panique, une violence intérieure mal contenue. Les troubles narcissiques sont à l’origine d’un manque de respect, tantôt pour soi, tantôt envers les autres. Globalement, le manque de respect correspond à un défaut d’ajustement à l’autre. Il est parfois entendu que quelqu’un sait se faire respecter ou au contraire qu’il ne se fait pas respecter. L’estime de soi intervient à ce niveau, au moins au niveau de l’impact d’un manque de considération ou même d’une insulte. La susceptibilité est une caractéristique inégalement partagée et contrôlée.
Les personnes ayant une opinion d’elles-même stable ne sont pas excessivement perturbées par les critiques. Elles ont la capacité d’en examiner la pertinence, en se détachant du désagrément rattaché à un jugement critique. Pour respecter l’interlocuteur, la critique doit porter sur le problème en question en préférant une formule interrogative, pour ne pas blesser une personne manquant de confiance en elle ou, mal à l’aise dans la relation, en difficulté dans le choix des mots. L’équation respect de soi / respect des autres reste valable.
L’insolence et le respect peuvent se conjuguer. Une insolence est justifiée face à quelqu’un animé d’une volonté d’intimidation. Elle accompagne quelquefois le libre exercice de l’esprit critique. L’impertinence, l’humour et l’ironie ne sont pas incompatibles avec le bon usage du respect. Le contrôle émotionnel et la maîtrise du langage aident à associer harmonieusement le respect pour l’ordinaire des relations et l’insolence comme arme défensive, quand les circonstances l’exigent. Le groupe de parole permet de faire des progrès.
Êtes-vous à l’aise avec les notions de respect et d’insolence ?
Quelle attitude adoptez-vous si l’on vous manque de respect ?
Dans quelles circonstances vous arrive-t-il d’être insolent(e)?
Post-scriptum
Hier soir, dans le cadre du confinement assoupli, nous avons fait découvrir à des proches (oui, c’est possible !) « La mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock. Le maître de maison n’a pas aimé cet humour et, sans doute, la liberté de mœurs et le cynisme des relations justifié par la « Guerre froide ». Ce matin, sous la douche, me remémorant la journée de la veille, j’ai imaginé que l’ONU, dont le bâtiment est mis en valeur dans le film, lançait un appel d’offre aux sculpteurs du monde entier pour édifier une statue, de même format que celle de la Liberté de la baie d’Hudson, dédiée, cette fois, à la Bêtise.