Réalisation : William Weilman

Scenario : Lamar Trotti d’après Walter Van Tiburg Clark

Date : 1943/ USA      Durée : 75mn

Acteurs principaux :

Henry Fonda : Gil, l’étranger

Dana Andrews : Martin, l’accusé n°1

Antony Quin : le mexicain

Francis Ford : le vieux du trio

Jane Darwell,: Ma Grier, l’expéditive

Harry Davenport : Davies, le partisan d’un jugement equitable

Franck Conroy : Major Tetley

A/HA

Mots clés :

Injustice – Grégarité – Alcoolisme – Présomption – Lynchage

letrangeincident

Dans les années 1880, dans un village du Nevada, se répand la nouvelle du meurtre d’un éleveur de bétail. En l'absence du shérif, quelques personnalités influentes ainsi que l'adjoint forment rapidement une milice afin de retrouver et punir les coupables. La poursuite, menée par le major Tetley, aboutit à l'arrestation de trois hommes, dont Martin, un Mexicain et un vieil homme. Ils sont en possession de bétail portant la marque de l'éleveur. Ils détiennent aussi un revolver qui aurait appartenu à l’éleveur, qu’ils prétendent avoir trouvé sur la route. Arrêtés en pleine nuit à bonne distance du village, au lieu-dit "Ox-Bow", ils seront pendus à l'aube achevés d’un coup de fusil.

Donald Martin prétend avoir acheté les bêtes. Il ne peut produire aucun reçu prouvant ses dires. Un des habitants de la ville, Arthur Davies, essaie de faire entendre la voix de la raison et demande au groupe de justiciers improvisés d'attendre le retour du shérif pour organiser un procès équitable. Soutenu par un employé de ferme Gil Carter, qui depuis le début de l'affaire a tenté de freiner les ardeurs et a participé à la poursuite en espérant éviter une erreur judiciaire, Davies parvient à provoquer un vote. Seule une minorité du groupe (7 personnes) étant d'avis d'attendre l'officier de justice pour organiser le procès, les accusés sont exécutés.

En rentrant au village, la troupe rencontre le shérif qui leur apprend que l'éleveur n'a été ni tué ni volé. Il est encore en vie. Le film s'achève au comptoir du bar du village, chaque membre du commando se confronte à la barbarie de son acte. Le major à la retraite qui avait dirigé l’opération se suicide, après une dispute avec son fils qui s’était également démarqué du groupe favorable au lynchage. Carter et son camarade, qui avaient voté contre l'exécution, quittent le village pour porter secours à la famille de Donald Martin, une femme et deux enfants.

Contre la justice expéditive

Le scénario de ce western fait irrésistiblement penser à celui de « Douze hommes en colère » de 1957. En 1943, les USA sont en guerre et le sénateur Mc Carthy a lancé une campagne de mise à l’écart de toute personne soupçonné d’idées progressistes, assimilées au communisme. Henry Fonda, connu pour ses préférences démocrates, ne put tourner de film pendant plusieurs années dans cette période de chasse aux sorcières. Il avait animé le comité pour la liberté d’expression, avec une actrice comme Myrna Loy (Deux sœurs vivaient en paix), et des réalisateurs comme William Willer (Les grands espaces) et John Huston (African Queen). Il avait été favorable au New Deal qui sortit les USA de la crise de 1929. Avec John Ford, en 1940, il avait tourné Les raisins de la colère.

Le film est construit comme une tragédie en un acte, comme l’histoire d’un lynchage annoncé. La bêtise peut prendre une force irrésistible sous l’effet des émotions orchestrées par des irresponsables. Le film s’achève sur la gueule de bois du retour à la lucidité.