L’intérêt des analogies

L’atelier-cinéma est un moment très particulier. Il donne à voir un film choisi par le praticien. Les commentaires qui font suite à la vision du film par le groupe ont une dynamique proche de celle du groupe-orchestre. Le bon film, en alcoologie, est celui qui permet de voir autrement la problématique alcoolique. Pour nous, celle-ci est le miroir de l’humain en société. Pour l’atelier-cinéma du 11 avril, le choix s’était porté sur un film de Franck Capra de 1940, Monsieur Smith au Sénat.

Le décalage des années, accentué par le noir et blanc, souligne l’actualité de ce qui est mis en jeu par l’histoire. Le film n’a pas « pris une ride » contrairement à la plupart des films récents.

L’alcool est discrètement présent lors d’une scène de désarroi. Un journaliste, Dick, ami-amoureux de Saunders, est un alcoolique gentil, un velléitaire qui ne croit plus à grand-chose.

Saunders – dans ce milieu, les femmes sont appelées par leur nom de famille – est la secrétaire désignée du jeune Sénateur. Son évolution et son rôle dans le film évoquent celle d’un soignant. Comme un alcoologue qui se respecte, elle va donner au naïf la méthodologie et les éléments de connaissance indispensables pour éclairer la route du Sénateur. L’authenticité, la spontanéité, l’enthousiasme du jeune homme transforme la relation qui prend la forme du « soutien inconditionnel », cher à Carl Rogers.

« Voir la vie, comme si vous sortiez d’un tunnel »

« Ne ratez pas les merveilles qui nous entourent »

« La liberté est trop précieuse pour être enfermée dans un livre »

Smith va devenir adulte en gardant en lui l’énergie de l’enfance. Un moment écrasé par ses désillusions, assis sur ses valises, face à la statue du mémorial de Lincoln, le Sénateur entend, dans l’obscurité de la nuit, les paroles de la soignante Saunders : il incarne « la simple décence » –on croirait entendre Orwell – « la rectitude du bon sens » – tiens donc ! Clés pour comprendre + empathie. Ainsi soutenu, il a de nouveau envie de se battre.

La description du système économique-politique-médiatique est d’une actualité impressionnante. Ne sommes-nous pas devenus une province des Etats-Unis, des sujets du CAC-40 ?