25-03-2024

 

L’actualité des consultations me conduit à vous proposer d’approfondir ces notions de résilience et de désilience, en vue d’en faire une des thématiques vidéo.

La résilience a été un thème très discuté ces dernières années, la désilience, nettement moins. Je vous propose d’y réfléchir en les mettant au pluriel, tout en prenant de la distance avec la psychologisation « essentielle » et descriptive : nous serions ou non résilients comme d’autres sont grands ou petits, avec des yeux bleus ou marrons.

J’aborderai ces thématiques en évoquant la notion de modernité tardive.

Le terme de modernité tardive lui-même est rarement défini, ce qui est regrettable. La modernité tardive (ou actuelle ou à venir ou technologique ou décadente ou inhumaine) est multifactorielle et multidimensionnelle comme toute notion englobante. Ce concept ne peut prendre une force interprétative qu’à la condition de le définir. Au risque d’une définition personnelle et de me tromper, je dirais qu’il me semble répondre à plusieurs données qui peuvent se réunir suivant trois grandes caractéristiques :

  • La globalisation des stratégies de pouvoir, qu’il s’agisse du pouvoir économique, du combat idéologique qui l’accompagne, des méthodes dirigistes ou violentes d’accompagnement ou encore de l’évolution des identités et des relations humaines, des désirs, des croyances et des espérances humaines.
  • L’envahissement par le numérique de tous les domaines du vivant.
  • L’entrée dans l’anthropocène, dans c’est-à-dire sans une période où l’état de la planète est menacée par l’espèce humaine.

Le numérique, en donnant l’illusion de la rapidité et de l’efficacité, crée les conditions d’une aliénation permanente.

Nul besoin de traumas au sens classique pour nous laminer. Depuis longtemps, nous avons mis en exergue, pour l’alcoologie, le rôle des ambiances traumatiques dures mais également « molles » à l’origine de nombre d’addictions et de mal-être. Big Brother se charge d’occuper notre temps de cerveau et de nous soumettre, avec notre consentement. Il nous dira de plus en plus ce qu’il faut penser, comment il faut penser, parallèlement au comment il faut faire. Nul besoin d’être savant pour concevoir les conséquences, actuelles ou à venir, de la malveillance ou l’indifférence de ceux qui détiennent l’arme numérique.

Notre résilience sollicitée (notre capacité à résister, à repartir de l’avant) est souvent mise à mal. Comment résister ? Beaucoup d’entre nous ont décrochés, décrochent ou sont sur le point de décrocher, indépendamment même des addictions-refuges qui les mettent au tapis. Quel degré et quelles modalités de désilience, c’est-à-dire de décrochage pouvons-nous tolérer pour survivre et vivre une vie qui nous ressemble et nous satisfasse ?