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Les fiches livres

Mangas, sagas, séries, Les nouveaux mythes adolescents

Devenir soi-même

Par la fiction

Julien Cueille

Enseignant psychanalyste

Erès

Août 2022

25€, 283 pages

Mangas sagas series les nouveaux mythes adolescents

S’atteler à une matière inconnue – les mangas, sagas et autres séries, à un âge très éloigné de la catégorie sociale qui s’en nourrit, a quelque chose d’ingrat. Ces productions, sans oublier les jeux vidéo, sont parfaitement inconnus à l’auteur de cette fiche. Au plus, a-t-il dû regarder un film de Harry Potter dans sa vie. À ce qu’il en sait, le héros myope de cette saga a eu des gros problèmes d’addiction par la suite, ce qui n’est pas étonnant en considérant la confusion entre un adolescent et un personnage de fiction devenu mythique.

Le lien avec les jeunes générations se fait, malgré les décennies écoulées, par les héros de sa propre enfance, tels ceux de Hergé ou de Franquin pour les bandes dessinées. Devenir soi-même par la fiction n’a rien de nouveau si l’expression désigne les phénomènes de symbolisation qui construisent l’imaginaire de tout un chacun. La nouveauté de ces sources culturelles est ce en quoi elles s’opposent, en apparence du moins, avec celles des générations précédentes.

Il en est ainsi des mangas, avec l’écriture et la lecture sinistrogyre qu’elles imposent. Les médias de notre modernité permettent une contagiosité virale des nouveaux mythes. Harry Potter serait ainsi le livre le plus lu au monde chez les adolescents. L’intérêt pour les histoires fantastiques relève d’une « frénésie partagée » (p11). Il fonde une véritable néo culture que des auteurs tels que Boimare ont rapproché de leur peur de se frotter au réel. L’appétence pour le fantastique serait une manifestation du refus de l’exercice de l’esprit critique, à « l’apprentissage de la vie par l’expérience. », une réaction au matérialisme déshabité.

« Il y aurait quelque chose de pourri au royaume des superhéros ». Dans son roman graphique « Watchmen » (2018), Alan Moore met en scène des superhéros retraités, diminués, mentalement atteints ou reconvertis dans les affaires. Ils n’ont plus leur place dans le monde désenchanté des années 80. Ils participent à « un univers délabré ». Les « méchants charismatiques » comme Tom Jedusor de Harry Potter ont la côte d’amour, tout comme Joker, un héros psychopathe, dont Phillips a proposé un film en 2019. « Les personnages plébiscités sont ceux qui ne savent pas qui ils sont » et se découvrent au cours de la narration. La « quête de soi » est un invariant des fictions à l’intention des adolescents.

Les œuvres qui font partie de la culture commune sont assez peu nombreuses. Les plus citées sont les plus disponibles sur le marché. Certains jeunes s’en écartent car estimées trop communes. Il s’agit moins d’un souci de distinction, dans l’esprit de l’observation de Pierre Bourdieu, que de l’aspiration à manifester sa singularité. Le critère décisif est le « like » : j’aime : « Je ne sais ni qui je suis, ni d’où je viens, encore moins où je vais ; mais je sais ce qui me plaît. » « Dans un monde où les repères semblent s’effriter, l’imaginaire est un recours vital. La crainte de l’effondrement n’est jamais loin, et l’apocalypse rode ».

Il y a une passion pour les histoires de vampires, une façon d’évoquer le thème de la possession, « une fascination pour le morbide, sur fond de dépression, de toute-puissance, de perversion narcissique » (p33). « Les personnages de fiction sont « des totems qui sécurisent les territoires internes ».

« Dans une société saturée d’informations (et privée de concepts interprétatifs), la moindre production donne lieu à des commentaires « d’experts » sur le Net. Cependant, la culture du Like manifeste, à sa façon, la « tyrannie des émotions » (p41). Le commentaire participe « à la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux » (p43).

Il va de soi que cette production correspond à des « sommes pharaoniques » (p44). La « fièvre de l’instantanéité et de l’épidermique semble avoir contaminé presque tout l’espace culturel » (p46).

Tout bon objet peut se convertir en mauvais. Ainsi dans les contes, la mère est figurée sous le « double aspect de la fée et de la marâtre » (p47).

Les instituts d’audience mesurent tout, visant à gérer les individus à partir des réseaux numériques. Les cultural studies portent sur les codes de domination sociale, leur détournement, leur contestation par les minorités, les groupes de pairs, les groupes de fans, toutes celles et ceux qui s’expriment sur la Toile (p 56).

Les générations participant à la pop culture sont sensibles aux injustices et aux inégalités sociales, sans pour autant développer une critique sociale systématique et systémique (p59).

La science dans sa rage de tout mettre en statistiques fait courir le risque de méconnaitre… ce qui ne se mesure pas, notamment le sentiment d’incomplétude, la place du manque (p65).

Ulysse – cher Ulysse – avait l’art d’improviser en fonction des situations. Les comportements actuels en relèvent souvent.

La pop culture (sinon la culture du plus grand nombre) est-elle l’addition de celles de minorités plus ou moins convergentes ou se caractérise-t-elle principalement par sa contagiosité, sa « viralité » ? (P76).

L’héroic fantasy recycle des légendes médiévales délaissées par la littérature « légitime ». (p76). « La fascination pour la misère et le crime, pour l’énigme, la prégnance d’un imaginaire médiéval et barbare, doivent autant au fantasme » qu’à l’attrait pour le morbide (p79). Ce n’est pas sans évoquer le roman gothique (Frankenstein et Mary Shelley, ou la mystéromania déjà illustrée par Les mystères de Paris et Eugène Sue.

L’auteur consacre quelques pages à la contagiosité des récits, à propos des religions du Livre faisant place à la dimension spirituelle, à côté des rites et des « modes d’énonciation ». (p86). La contagiosité religieuse s’opère par l’effet d’un récit et de personnages. Le recul, le « pas de côté », liés à la croyance ne sont pas replis ou enfermements. Ils ont valeur de ressaisissement avant élan. L’action procède de la méditation. Le tout se vit comme une passion enracinée dans le réel. La spiritualité est un exercice personnel et solitaire, même s’il peut être accompagné par une musique inspirée. Elle se distingue catégoriquement de l’effet mimétique qui mettrait en jeu des neurones miroirs.

À propos des totems et tabous, rattachés à la réflexion de Freud, les tabous concernent les crimes, les sacrilèges, la cruauté, les interdits, les totems, les figures de protection symboliques. S’il s’en trouve dans les récits traditionnels, on relève que les héros de la pop culture sont beaucoup plus ambigus et porteurs de contradictions fortes.

« Aucun interdit n’aurait la moindre efficacité s’il ne reposait sur une introjection, inscrite dans un héritage mythique imaginaire, relayée par l’éducation familiale et les institutions » (p95).

L’humain n’est pas fait que de raison et de passions. Il a besoin de croyances et de rites. Les grecs, « inventeurs de la démonstration » disposaient d’un imaginaire mythique luxuriant. (p110).

« Le mythe est un récit apte à faire advenir à la parole cette part d’indicible, de rendre intelligible l’inconscient » « Le mythe permet de dire l’irrationnel, voire le sacré, autrement que sur le mode du dogme religieux ou de l’adhésion rituelle » (p 116-117). Le mythe (d’après Lacan) comporte une dimension de délire, de relation à l’invisible. Sa fonction la plus éminente pourrait bien être, plutôt que laisser l’imagination du côté du chaos et de la folie, de les tisser, de les organiser, de les rendre en quelque sorte compatibles avec le registre symbolique » « Le mythe permet de dire l’irrationnel, voire le sacré, autrement que sur le mode du dogme ou du rite. » (p117).

« Tout ce qui ne tue pas rend plus fort », tel semble le fil guide de la culture pop.(p131). Les intertitres de ce chapitre sont évocateurs : « Nous sommes tous les ados en croissance », « Se nourrir de récits », « Nous sommes tous des primitifs ».

Nous atteignons une partie plus clinique de ce livre qui rejoint l’expérience clinique actuelle.

« Comment ignorer que le complexe d’Œdipe s’est absenté des fictions d’aujourd’hui » (p145). « Au-delà des stéréotypes genrés, il semble que le problème vienne d’une érosion du discours amoureux lui-même » (p146).

Le seigneur des anneaux est l’exemple d’un récit où la composante sexuée s’efface devant une quête narcissique. Même absence dans Moby Dick où la poursuite de la baleine blanche relève d’un égo pathologique. Jouissance et mort se confondent. (p147)

Comme le souligne Vernant (1989), chez les Grecs, l’autre avait 3 figures : la divinité, la mort, l’amour.

Il semblerait que loin de dépasser le complexe d’Œdipe, nous ayons « régressé en deçà au point que le conflit œdipien n’est même plus possible ! » (p148). « Les mutations psychiques de l’individu couplées aux mutations sociales de la famille induisent des troubles d’une autre espèce : on cherche moins à tuer le père qu’à se trouver soi-même » (p149).

L’auteur nous conduit à un constat que nous avons vérifié nous-mêmes : les profils psychologiques ont changé. Les structures proprement œdipiennes s’effacent devant les organisations limites de la personnalité et les problématiques narcissiques. Et les mutations se poursuivent en termes d’indifférenciation, d’instabilité, d’évolution vers les psychoses et les autismes. Les adulescents ont besoin d’une quête initiatique indéfinie. Il se trouve que les addictions font leur lit de ces contextes, marqués par l’incertitude identitaire et l’effacement des repères. L’arrêt de l’addiction, via l’élaboration mentale, peut être le point de départ d’un changement profond de nombre de personnalités inachevées.

Ainsi l’histoire d’Harry Potter est celle d’un auto engendrement, sur fond d’absence de désir sexuel (p157). Harry et Tom Jesudor sont des doubles contrastés. L’enjeu pour Harry est de s’éloigner de Tom, de trouver son unité pour passer à l’âge adulte. Le côté obscur, la « part maudite » est constituée par la présence de Tom dans la psyché d’Harry. Nous retrouvons ce type de conflit interne/externe en clinique.

« Il est sans doute dérangeant de devoir faire descendre de l’Olympe le sublime des mythes antiques, pour aller chercher l’équivalent, dans le fatras des fanfictions, avec ce qu’elles peuvent avoir de convenu et de répétitif, voire de consternant », un fatras ésotérico-surnaturel, avec ses démons, sa magie, à la sauce samouraï, à la cause médiévo-fantastique, à la sauce-fictionnelle » (p163)

Vernant souligne le rapprochement au sein d’une même approche philosophique, celle de Pythagore ou d’Héraclite, qui réunit le connaissable et l’inconnaissable. La religion chrétienne en porte la marque dans un rapport au divin qui privilégie le silence plutôt que la parole, l’inconnaissable plutôt que la science. Cette approche a été qualifiée de théologie négative. (p174). Elle fait cohabiter la connaissance fragmentaire et l’ignorance absolue.

« Je n’aime pas quand c’est tout noir ou tout blanc » déclare les habitués de la pop culture (p180). Ce n’est pas un dialecticien familier de l’ambivalence qui leur donnera tort. Mais que traduit la pop culture sinon cette opposition manichéenne ou ce clivage qui caractérise l’individu postmoderne ?

L’apocalypse est omniprésente : les histoires proposent des rescapés en quête de survie. Un grand nombre de jeux « immergent les joueurs dans un univers très noir ». Dans le japonais Akira, un corps humain est dissous dans l’acide et le résultat de cette opération chimique est évacué dans les toilettes (comme l’a relaté un fait divers intervenu à Toulouse, car un des inconvénients de ce type d’œuvre de fiction est de faciliter le passage de la fiction à la réalité, spécialement sous l’effet de substances psychoactives).

Les individus hypermodernes semblent avoir renoncé à l’espérance, pour le sociologue De Gaulejac : vaste sujet qui pose la question de l’articulation de l’immanence et de la transcendance. « Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark », s’exclame Hamlet. Plus largement, dans Le Seigneur des anneaux ou Harry Potter, l’abjection s’incarne dans des personnages bizarres. Comme le souligne Kristeva : le sacré coïncide avec l’abject. L’auteur souligne que ces fictions font écho « au territoire de l’Etat-Limite, qui n’est pas celui de la psychose, du moins pas tout-à-fait ; la folie rode et on peut basculer à tout moment » (p190) Et les addictions contribuent à cet équilibre instable, plus ou moins alternatif.

Cueille affirme (p201) : « L’adolescent qui ne vit plus qu’à travers les jeux vidéo se confond avec les personnages de morts-vivants auquel il est confronté. » Le commentaire spontané est : est-ce bien utile de s’y plonger ?

Pour lui, le roman d’Anne Riche de 1976, « Entretien avec un vampire dont il a été tiré un film, au titre éponyme, que j’ai vu (hélas) évoque aussi bien la mélancolie que la perversion narcissique. Les personnages évoquent les états-limites, « souvent écartelés entre des affects d’exaltation grandiose et des moments d’abattements mélancoliques ou angoissés » (p205)

Ces fictions semblent régies par un mot d’ordre : « sauver sa peau ». (p219), ce qui fait écho à l’affirmation inverse : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. ». Cette phrase de l’Evangile peut se retraduire ainsi : « Car celui qui voudra réussir sa vie échouera et celui qui se moquera de la réussite narcissique et matérielle en donnant priorité à l’Autre : soi-même, cet inconnu, les proches les plus proches et les moins proches, d’autres inconnus, l’Autre, enfin, comme Inconnu, celui-là la sauvera en lui donnant du sens ». C’est plus long, un peu alambiqué et incertain, mais cela veut dire la même chose.

L’auteur insiste : « La confrontation à la mort ou à la souffrance, sous couvert de l’immunité de la fiction, ouvre un espace potentiel de désappropriation-réappropriation de soi, en laissant ouvert le double écueil du fantasme de toute-puissance et de l’abîme dépressif » (p229)

Nous sommes en amont de l’Œdipe, dans des zones archaïques de la psyché. Le commentaire qui vient à l’esprit : est-ce bien utile et raisonnable de s’y complaire ? Pourquoi accorder une telle importance à ce foutoir, si révélateur du mal-être contemporain ?

Plus loin, Julien Cueille évoque le « prix de la toute-puissance » (p251) : « Nombre d’adolescents sont dans des états d’éruptions colériques ou pulsionnelles difficilement contrôlables » associées à « un manque de confiance parfois maladif confinant à l’autodestruction, qu’elle soit physique (les addictions, les conduites à risque), sociale et scolaire (mise en échec et retrait).

Pour lui, la notion de bipolarité, dont la médecine et les médias ont « fait des tartines », exagère et fige les variations d’humeur des états-limites, avec des périodes de « trop » et des périodes de « pas assez », d’exaltation et de dépression (p253).

Les ados et ceux qui leur ressemblent, parfois indéfiniment, se prêtent au « jeu des identifications multiples » (p259), terrain d’élection des jeux de rôles. Ceci permet une précision sur la différence entre Moi idéal et Idéal du Moi. Le Moi Idéal est une vision archaïque de soi, fondée sur la toute-puissance narcissique. L’idéal du Moi est le produit d’une élaboration lente et durable qui fait la part des figues symboliques et du relatif. L’idéal du Moi permet de maîtriser ses pulsions. Il est trace du Moi idéal et force de dépassement d’un stade infantile. Il fait intervenir l’étayage culturel.

Arrive le temps de la conclusion qui porte sur le fantasme transhumaniste, cette rencontre de la mégalomanie infantile et du refus terrifié et ridicule de la mort.

Phénoménologie De la Transcendance

Lire I et II

Editions d’écarts

20€, 201 pages

phenomenologietranscendance

Sophie Nordmann est une ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Elle est agrégée de philosophie, habilitée à conduire des recherches en différents domaines, tels que la pensée juive, la philosophie allemande, l’éthique, la philosophie sociale et politique et la phénoménologie.

Qu’est-ce que la phénoménologie ? C’est une discipline qui s’intéresse à l’observation la plus distanciée possible des phénomènes.

Qu’est-ce qu’un phénomène : c’est une donnée de l’expérience.

La phénoménologie écarte a priori les théories interprétatives pour s’intéresser au sujet, à sa singularité.

Les objectifs du livre sont clairement posés par la quatrième de couverture :

  • Proposer une compréhension renouvelée de la transcendance, en dehors de toute métaphysique et de toute théologie.
  • Sortir de l’immanentisme – l’enfermement dans l’objet, qui peut se résumer par la formule « tout est dans tout ». Il n’y a rien, dans cette conception, qui soit extérieur à l’objet. La transcendance admet une cause extérieure à l’objet, l’immanence, non. Cependant, chaque « objet » est compris dans un autre objet ou en interaction avec d’autres « objets ». De mon point de vue de béotien, j’aurais tendance à dire qu’un être humain est en interaction, par son univers mental et matériel, avec d’autres instances qui l’influencent et dont il doit tenir compte.

Le lecteur peut découvrir opposées une thèse et une antithèse sur l’être humain.

Je fais l’économie de la première (p 182) qui se résume par la conviction suivante : « L’être humain est d’un autre ordre que tous les autres êtres du monde ». Je reproduis celle à laquelle j’adhère sans restriction aucune (p183).

L’être humain est un être du monde, au même titre que les autres, avec ses spécificités.

Il n’y a aucune raison de considérer qu’il est absolument d’un autre ordre.

Il a des différences spécifiques mais elles n’en font pas pour autant autre chose qu’un animal humain, et rien ne fonde à lui conférer un statut d’absolue exception.

Au contraire, toutes les observations et études scientifiques tendent à confirmer son appartenance pleine et entière au règne du vivant.

Son humanité est une forme parmi d’autres de l’évolution du vivant.

Reconnaître cette appartenance ne conduit pas à nier le respect qui lui revient, mais à le remettre à sa juste place. Chaque être du monde doit être respecté pour ce qu’il est, et fonder le respect de l’humanité sur un statut d’exception conduit à des formes de barbarie.

 

Chaque lecteur pourra se faire sa propre opinion du livre. Pour ma part, je l’ai trouvé inutilement compliqué. Il procède par un commentaire de différents aphorismes et utilise aussi des mots excessivement connotés tels que « rédemption ». La question est de savoir si, pour un esprit rationaliste qui adhère à la seconde proposition énoncée ci-dessus, la transcendance a un contenu et, dans ce cas, lequel.

Je livre en raccourci mon opinion qui se rapproche, avec la modestie qui convient, de celle de Spinoza.

Pour lui, la Nature au sens large est l’équivalence de Dieu. Je crois que nous avons à respecter la Nature au maximum, comme bien commun pour nous et les générations à venir. Je ne suis donc pas du tout original.

Un second aspect, non spécifique, de la philosophie de Spinoza se situe dans l’élaboration d’une éthique personnelle. Je puise largement les bases de cette philosophie dans la culture grecque dont les axes se distinguent radicalement de l’idéalisme platonicien. Je me permets de renvoyer au chapitre 23 de Ce que nous apprennent les addictions.

Il me semble que la transcendance prend en compte la transmission entre générations. Je dois tout ou presque à ceux qui m’ont précédé et j’ai quelques devoirs vis à vis de ceux qui m’entourent et de ceux qui suivront. C’est ma façon d’introduire la « verticalité », la transcendance. Si nous sommes devenus bipèdes, c’est que nous ne sommes pas faits pour ramper.

Je pense aussi que les croyances sont nécessaires en ce qu’elles renvoient à une identité structurante, mais je fais une distinction radicale entre croyance et vérité. Nous avons besoin d’irrationnel pour vivre, ne serait-ce que de la capacité d’aimer. L’affectif échappe, heureusement, à la raison.

Par ma culture religieuse d’origine, que je ne rejette pas, pas plus que je ne rejette d’autres cultures différentes mais compatibles avec la mienne, le message chrétien, tel que je l’ai interprété, fait partie d’une dimension spirituelle à laquelle j’adhère. Je partage la foi que le meilleur est possible, l’espérance que je peux y être pour quelque chose, même de minuscule et de transitoire, le souci de ne pas nuire à l’autre et de l’aider à supporter sa condition tragique. Le tout, malgré le pessimisme de la Raison, est source de Joie.

 

L’odyssée des gènes

Evelyne HEYER

CHAMPS Sciences

12€, 344 pages utileslodyseedesgenes

 

Il n’est pas certain que l’Odyssée des gènes fasse autant rêver que celle d’Ulysse. L’ouvrage proposé par Evelyne Heyer se lit cependant jusqu’à la fin, avec intérêt.

  • 7 millions d’années

Nous apprenons que nous sommes cousins des gorilles, des orangs-outangs, des babouins et, plus encore, des bonobos et des chimpanzés. Notre parenté est prouvée par le codage génétique de l’ADN. Quatre molécules azotées, désignées par les lettres ACTG (Adénine, Cytosine, Thiamine, Guanine) liées entre elles, constituent un nucléotide. L’ADN est un chapelet de nucléotides. Toutes les formes de vie sur Terre sont des descendants d’une molécule apparue autour de 3,5 milliards d’années. Notre ADN est semblable à celui du Chimpanzé à 98,8%. Le marsupilami identifié par André Franquin n’est pas mentionné : « houba, houba, hop ! ». Nous sommes identiques à 99,9%, nous les humains.

Chaque individu porte 70 à 100 mutations par rapport à ses géniteurs. Toutes ne « s’expriment » pas.

Des croisements entre deux espèces proches peuvent survenir jusqu’à ce qu’une différenciation décourage le rapprochement.

Les caractéristiques humaines les plus évidentes sont la bipédie, un gros cerveau, un langage complexe.

Le cerveau humain, à la naissance, est plus immature que celui du cerveau des autres primates : 23% à la naissance contre 40% pour le bébé chimpanzé. Nous sommes adultes vers les 15 ans, ce qui souligne au passage l’importance des interactions affectives, éducatives et sociétales tout au long de cette période.

Une différence majeure entre hommes et chimpanzés est imagée ainsi : « La photo d’une famille chimpanzé n’aurait rien à voir avec celle que l’on peut retrouver sur nos cheminées : la première montrerait des femelles toutes en âge de se reproduire et qui n’élèvent qu’un petit à la fois, la seconde des femmes âgées sans enfant à charge, entourées de jeunes mères qui en élèvent plusieurs d’âges variés ». En dehors de certains cétacés, précise l’auteure, il n’y a que l’espèce humaine qui voit les femmes « durer » au-delà de la période de reproduction. Nous savons même qu’elles durent en moyenne de 5 à 7 ans de plus que les hommes !

L’évolution des espèces n’est pas linéaire mais buissonnante.

Peu de gènes sont le fruit d’une adaptation.

L’homme moderne, au même titre qu’une libellule ou qu’un éléphant, serait le fruit du hasard.

  • 2,2 millions à - 1,8 millions d’années : La première sortie d’Afrique

Nous sommes tous originaires d’Afrique. C’est dur pour ceux acquis à la supériorité de la race aryenne ou de toute autre « race », blanche, jaune ou à pois bleus mais c’est, ainsi, nos codes génétiques et les recherches paléontologiques en font foi.

Deux types d’hommes primitifs ont été isolés sur notre continent euroasiatique : l’homo erectus et l’homo habilis. Il est plus facile de se servir de ses mains en position verticale qu’à quatre pattes.

Quoiqu’il soit, les scientifiques s’interrogent sur les raisons de ces migrations.

Les groupes d’hominidés n’étaient pas nombreux. Des moyens de subsistance étaient disponibles, même s’ils arrivaient qu’ils soient eux-mêmes des moyens de subsistance pour des animaux carnassiers.

La découverte d’un biface, outil symétrique, dans un quartier de la ville d’Amiens, monte l’accès à une pensée symbolique, à une capacité d’abstraction.

  • 300000 ans à – 200000 ans : La naissance de l’homme moderne

Si les premiers homo-sapiens sont tous africains, il est établi qu’il n’y a pas eu d’origine unique dans ce continent. Il s’est trouvé des homo sapiens au Maghreb, en Afrique du Sud, en Afrique de l’Est. Et pas de marsupilami. Les généticiens ont pu commencer par analyse l’ADN mitochondrial. Pour rappel, les mitochondries sont des organites cellulaires qui véhiculent de l’énergie. Il a été possible de dater notre ancêtre féminin à partir de l’ADN mitochondrial : une « Eve mitochondriale » ! Cette belle (?) inconnue aurait aujourd’hui entre 150000 et 200000 ans.

  • 100000 ans à – 70000 ans : à l’aventure hors d’Afrique.

Ce qui a de bien avec les généticiens, c’est que le temps passe vite.

Des petites colonies, de déplacement en déplacement, vont rejoindre le continent par le Moyen-Orient. Parmi elles, des chasseurs-cueilleurs de l’Afrique du Sud-Ouest dont beaucoup parlent des langues à clic, tel le héros du film Les Dieux sont tombés sur la tête. L’aventure s’est faite par « effets fondateurs successifs ». Les déplacements sont évalués à 30000 ans pour 3000km.

  • 70000 ans : Apparition de l’homme de Néandertal !

Ce coquin a été identifié à quelques kilomètres de Düsseldorf, la ville de M le Maudit, à la suite de travaux dans une carrière calcaire. Il est robuste. Il enterre ses morts, fabrique des outils, a des qualités de chasseur et il vit en bande. Son crâne est plus volumineux que le sapiens, avec une forme évoquant un ballon de rugby. Il a un bourrelet sus-orbitaire prononcé au-dessus des orbites et il n’a pas de menton. Son patrimoine génétique s’est révélé de qualité inférieure à celui de sapiens. Néandertal supportait le froid, le moindre ensoleillement ( ou « un ensoleillement modéré » ? ). Il disposait de capacités de résistance immunitaire et pourtant, la variété s’est éteinte. La consanguinité a été avancée comme explication. Sapiens s’est imposé.

  • 50000 ans : La colonisation de l’Australie

James Cook a mis le pied en Australie en 1770 pour annexer ce continent à l’Angleterre. Les aborigènes ont subi les pires misères de leurs colonisateurs. Une mèche de cheveux donnée en 1920 à un paléogénéticien du nom de Willerslev a permis, pour la première fois, l’analyse complète du noyau cellulaire. Les aborigènes sont les descendants des sapiens mélangés avec les Néandertaliens au Moyen Orient. Longtemps L’Australie, la Tasmanie et la Nouvelle-Guinée ne faisaient qu’un seul continent. Par la suite, il a été possible d’aller d’île en île, les montagnes fournissant un repère aux navigateurs de la préhistoire.

  • 60000 ans : Les ancêtres des Pygmées en Afrique

Les Pygmées constituent un ensemble disparate de chasseurs-cueilleurs sur une sorte de large écharpe s’étant du Gabon à l’Ouganda. Ils mesurent environ 1m50 pour les hommes. Chaque groupe a son langage. Les pères s’occuperaient bien des enfants. Ils constituent une société plutôt égalitaire. Les femmes s’invitent à la chasse, à l’exception de celle de l’éléphant. Les Pygmées ont une bonne connaissance de l’effet médicinal de certaines plantes. Ils se révèlent des musiciens hors pair, chant et répertoire musicaux. Ils maîtrisent, bien avant Jean-Sébastien Bach, l’art du contrepoint, de l’association d’une double ligne mélodique.

  • 40000 ans : Homo sapiens arrive en Europe

Homo sapiens arrive en Europe, avec comme témoigne en Dordogne, l’homme de Cro-Magnon. Ce sont toujours des chasseurs-cueilleurs. Ils fabriquent des objets élaborés et attestent de leurs aptitudes picturales sur les parois de grotte, telle la « Vénus de Lespugue » aux formes plantureuses.

Les Européens d’alors avaient une peau foncée et des yeux bleus. La mélanine est un pigment qui protège des rayonnements ultraviolets qui détruisent l’embryogenèse du système nerveux et la spermatogenèse. Cependant, dans les zones de moindre ensoleillement, cette pigmentation devient moins utile car elle entrave la synthèse de la vitamine D, favorisant le rachitisme. Le gradient des couleurs de peau suite la carte de l’ensoleillement. La mélanine intervient aussi dans la couleur des cheveux, des poils et des yeux. Il existe deux sortes de mélanine, l’eumélanine qui intervient dans la couleur de peau foncée et la phéomélanine dont la couleur va du jaune au rouge. La rousseur dispose d’un gène spécifique, le MCIR.

L’auteure a effectué plusieurs missions qui valident l’existence d’une grande vague migratoire de l’Asie vers l’Ouest de l’Eurasie. L’Asie centrale est un mille-feuille d’histoires de migrations.

  • 15000 ans : La vraie découverte de l’Amérique

Quand Christophe Colomb débarque à Cuba en 1492, l’île est peuplée d’Amérindiens. Les premiers Américains sont venus de Sibérie par le détroit de Béring. Ils ont progressé le long des côtes et par la vallée du Colorado.

Quand Magellan découvre l’archipel de l’extrême pointe de l’Amérique du Sud, la Terre de Feu, froide et battue par les vents, il y découvre des hommes capables de plonger dans l’eau glacée pour attraper des poissons. Ces populations ne résistèrent pas aux maladies importées d’Europe. Il semblerait qu’un peuplement ait pu s’opérer à partir de la lointaine Polynésie.

Les populations ont dû s’adapter à des environnements très dissemblables. Ainsi les habitants des Andes se sont adaptées à l’Arsenic présent dans les eaux d’origine volcanique, par l’effet d’une mutation sur le chromosome 10.

Je fais l’impasse sur les moyens permettant de situer dans le temps un ancêtre commun entre deux individus (p 130 à 132). À chacun son métier. Les calculs actuels seraient impossibles sans l’intelligence artificielle.

  • 10000 ans : L’invention de l’agriculture et de l’élevage

L’apparition de l’agriculture et de l’élevage correspond au néolithique.

L’auteure décrit un jour de marché près de l’Himalaya. Elle nous apprend que les abricots et d’autres fruits comme les pommes ou les cerises sont cultivées et cueillies en Ouzbékistan.

Elle rappelle les précédents épisodes de réchauffements climatique. La disparition des mammouths, la constitution de zones tempérées qui ont permis aux populations de se sédentariser, de croître, de mettre en œuvre des cultures : le millet, le long du Fleuve jaune, le riz sur les bords du Fleuve bleu (Yangzi Jiang), le maïs en Amérique centrale, les pommes de terre en Amérique du Sud, les tomates dans les Andes, l’aubergine en Equateur, la banane en Nouvelle Guinée…

Moutons, chèvres, cochons et vaches ont pu nourrir directement et indirectement les populations d’humains.

Les labours n’existent pas encore.

  • 6500 à – 5000 ans : L’homme se met à boire du lait.

Encore faut-il disposer d’une lactase pour digérer le lait, ce qui fut obtenu au prix d’une mutation génétique relativement rapide.

Au fil des chapitres, une lassitude saisit le lecteur. À moins d’aimer la culture pour la culture, ces découvertes successives suscitent peu d’échos pour notre présent et les incertitudes qu’il véhicule.

L’âge de la domination

Un chapitre retient notre attention. Il est intitulé « Catholiques versus protestants ». Il est dit (p2129) : « toute population qui procède à une certaine endogamie, qu’elle repose sur la géographie, la langue, la religion ou tout autre trait culturel, va accuser au fil des générations des singularités génétiques. » Ainsi pour le peuple basque.

« Chaque groupe humain a tendance à vouloir se démarquer de ses voisins. Ce peut être une préférence alimentaire, un répertoire de chants, des habits, une langue, une religion ».

Il est question des populations juives, plus loin, du peuplement de l’Islande et des vikings, plus loin encore de Gengis Khan et de ses hordes déferlant eu Europe depuis la Mongolie.

En 1534, le malouin Jacques Cartier fonde la Nouvelle-France au Québec, en remontant le Saint-Laurent, à bord de la Grande Hermine. Le roi XVI envoie 850 filles du Roy, des jeunes filles pauvres qui auront pour mission de peupler la région au sein des 2000 premiers pionniers. L’Eglise incite fortement à la constitution de familles prolifiques. En 1763, la Nouvelle France disparait du fait des envahisseurs anglo-saxons qui associent les protestants anglais et les catholiques irlandais. L’effet fondateur peut être identifié. Ainsi, les études généalogique au Québec montre que les descendants d’un seul couple, Zacharie Cloustier et son épouse apparaissent dans 80% des généalogies des Québécois mariés en 1930 !

Ce chapitre se clôture sur les migrations forcées constituées par l’esclavagisme d’Afrique aux USA. Les gènes codant pour la couleur de peau peuvent très bien ne pas avoir été transmis dans la succession des générations (ou l’inverse !) ce qui peut donner des surprises telles celle qu’a connu Craig Cobb un américain acquis à la supériorité de la « race blanche » chez il a été découvert plus de 14% du stock génétique venait d’Afrique.

Les temps modernes

C’est probablement le chapitre le moins scientifique de l’ouvrage.

L’accent est mis sur les arbres généalogiques.

Plus nous remontons dans les arbres, plus nous trouvons des ancêtres communs. Nous avons quelques chances d’être le descendant de personnages célèbres ou d’obscures canailles.

Les recherches d’ADN par la généalogie ont permis d’identifier des meurtriers.

L’auteure s’interroge sur ce que c’est qu’être Français en soulignant qu’il y a plus de similitudes entre un Alsacien et un Allemand de Francfort qu’entre un Lillois et un Marseillais. Mais nous savons bien, n’est-ce pas, que l’identité nationale et l’identité génétique sont des choses bien différentes.

La génétique n’autorise pas à parler de race et encore moins d’affirmer qu’une ethnie est supérieure à une autre. Tout au plus peut-on relever des aptitudes différentes à rapporter aux conditions de vie qu’aux caractéristiques génétiques.

De même préférer son groupe ne signifie pas souhaiter rabaisser les autres, les dominer ou les haïr.

La génétique n’intervient en rien dans les débats actuels sur les discriminations revendiquées ou subies.

L’humanité est une affaire de migrations, c’est une évidence.

L’exemple de l’extermination des peuples amérindiens par les colons anglophones est unique. Les populations sont nettement plus mélangées en Amérique du Sud, colonisées par les Espagnols ou les Portugais.

Les migrations actuelles s’effectuent à grande distance.

Le dernier chapitre est futuriste puisqu’il se projette à 2100. Au passage, pour expliquer le long cou des girafes, ce seraient celles qui auraient le plus long qui survivraient et elles donneraient naissance à des girafes au long cou à leurs petits. Le livre se termine par quelques chiffres comparatifs. Les gens grandissent et deviennent plus vieux. Il va de soi que c’est la baisse de mortalité infantile et la sécurité des accouchements qui interviennent le plus dans le vieillissement moyen. L’héritage de la taille est génétique à 80% et donc environnemental à 20%. La Sardaigne serait le lieu où se trouvent le plus de centenaires. En Russie, la mortalité s’était développée par l’effondrement du système soviétique et la montée de l’alcoolisme. En augmentant le prix de la Vodka, Poutine a accru l’espérance de vie moyenne de ses concitoyens par cette mesure simple et bénéfique pour le budget de l’Etat.

Tout n’est pas génétique et ce sera le mot de la fin.

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