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Les fiches cinéma

L’étranger

Réalisation : François OZON

 

Scénario : François Ozon,

 D’après le livre d’Albert Camus

Date : 2025    France

Durée : 122 mn

Acteurs principaux :

Benjamin Voisin : Meursault

Rebecca Marder : Marie Cardona

Pierre Lotin : Raymond Sintès

Denis Lavant : Salamano

Christophe Malavoy : Le juge

A/SA

 

Mots-clés :  Indifférence – franchise– mort– colonisation – condition humaine

 letranger

Le film d’Ozon (2025), après le livre de Camus (1942), le massacre de Sétif (8 mai 1945) et la version de Visconti (1967)

L’étranger, commencé avant la seconde guerre mondiale, publié en 1942, est un roman philosophique, situé à Alger, capitale de l’Algérie, colonisée depuis 1830, à l’initiative de Charles X, dernier roi de France.

Le choix du noir et blanc marque la distance entre notre temps et cette époque, comme si nous étions en présence des Actualités contemporaines des années d’écriture du roman. Le film commence par des actualités opposant la Kasbah et ses ruelles aux larges boulevards dans le style du Baron Hausmann. Le couple formé par Meursault et Marie assiste à un film de Fernandel, le Schpountz de 1938, le jour de leur première nuit.

La publication de L étranger conforta la célébrité de la maison d’éditions Gallimard, presque autant que la publication du Petit Prince de Saint-Exupéry.

L étranger s’inscrit dans le cycle de l’absurde, proposé par Camus, avec notamment « Le mythe de Sisyphe ». Pour ma part, j’ai découvert Camus, en classe de troisième, avec sa nouvelle philosophique : La Chute. Celle-ci pointe quelque chose de pire que le sentiment de l’absurdité affirmée de l’existence : le grand écart possible entre les grands principes affirmés et les positions assumées. Meursault a le mérite de la cohérence : quand il n’éprouve rien, il le dit. Il ne triche pas. Nos pauvres petits politiciens donneurs de leçons devraient relire La Chute et voir L’étranger. Leurs contorsions publiques ne sont pas sans évoquer l’habituelle comédie de la Justice, hier, en Algérie, aujourd’hui, en France.

Camus – Ozon mettent en récit le sentiment d’absurdité qui peut habiter tout être humain. Meursault n’a pas choisi sa vie. Il n’a pas choisi de naître en Algérie, d’être tôt orphelin de père, d’avoir comme maman une femme de ménage qui parle peu, de vivre dans une ville coloniale, confronté à une population de mœurs différentes, possiblement hostile. Il prend ce qui est à sa portée : l’amour d’une jolie fille, son terne travail d’employé de bureau, les baignades et le soleil. Il cohabite pacifiquement avec Salamano, un vieux voisin qui maltraite son vieux chien. Il accepte d’aider Sintès, son copain proxénète, en écrivant une lettre pour lui. Il se laisse cravater et doter d’un brassard noir, par Céleste, un ami restaurateur, pour attester qu’il est en deuil.

Que sa mère meure dans une modeste maison de retraite fait partie de la vie. Il n’éprouve et ne manifeste rien. Au fait, les grandes et profondes douleurs ne sont-elles pas « muettes » ?

Il assiste à son procès en spectateur. Il est rigoureusement honnête et concis dans ses réponses au Juge. Pourquoi il a tué « l’arabe » ? Il ne sait pas. Le reflet du soleil sur la lame de couteau, peut-être. La chaleur. Peut-être – ceci n’est pas dit – les anisettes et le vin bu avant son passage à l’acte. Peut-être aussi la peur refoulée par la présence menaçante des frères de la femme battue par Sintès, une peur qui évolue en colère. Meursault souffre d’alexithymie : il ne sait pas analyser ses émotions.

Ce n’est que face aux consolations de circonstance du prêtre qui le visite en prison que Meursault éprouve de la colère. Meursault ne croit pas à la comédie humaine et encore moins à Dieu. La vie lui apparaît absurde puisqu’elle s’achève par la mort. Nous pourrions défendre, au contraire, que c’est sa prolongation artificielle, alors que le cerveau est détruit, qui est absurde. Mais il s’agit-là de cas limites qui ne sauraient servir d’argument aux héritiers pour aider dame Nature.

Le film montre clairement le caractère conflictuel et colonial des relations entre européens et musulmans algériens. Deux communautés cohabitent sur un même territoire. Elles ne forment pas un même peuple. Elles ne sont pas plus miscibles que l’eau et l’huile. Les uns sont soumis. Les autres ne perdent rien pour attendre.

Le massacre de musulmans révoltés à Sétif et ailleurs par le fait d’un Préfet français aurait dû faire prendre conscience que la population d’origine européenne et celle d’origine maghrébine ne pouvaient constituer un même peuple et que les européens devaient partir, malgré le pétrole saharien, les richesses du sol et une agriculture magnifique, œuvre des « méchants » colons.

Il existait un apartheid de fait, aggravé par deux religions antagonistes, dont l’une au moins, la musulmane ne pouvait adhérer à un État aconfessionnel. Je l’ai compris, pour ma part, très jeune, en dépit de la douleur que je pouvais éprouver en voyant la vie brisée de mon père, un patron-ouvrier exemplaire, pour lequel un salaire égal rétribuait un même travail, indépendamment des origines ethniques. Il n’aimait pas trop les Préfets et sous-préfets en costumes qui venaient inaugurer ses chantiers.

La Guerre d’Algérie ne m’avait pas laissé m’imprégner du pays de mes racines. Ces dernières se développaient à l’école, au lycée, et lors de mes voyages estivaux annuels dans ma patrie de cœur et d’esprit, la France. Camus avait un père symbolique, Monsieur Germain, son instituteur. J’ai eu plusieurs « Monsieur Germain ». J’ai même connu des prêtres, pas pédophiles du tout, qui m’ont familiarisé, par exemple, avec Marx, sans l’encenser ni le diaboliser et qui m’ont transmis le souci de l’autre, de la bienveillance, ainsi qu’un relatif mépris de la réussite sociale.

La condition humaine et la conduite de vie

Tout se passe dans les souvenirs et l’imaginaire du détenu Meursault. La scène où il escalade, seul, la colline aride, au sommet de laquelle la guillotine l’attend, est christique. La dernière personne à laquelle il parle est sa mère qui lui confie que son père avait vomi des heures, après avoir volontairement assisté à une exécution capitale. Le personnage de Marie, incarnée par Rebecca Mader, héroïne d’« Une jeune fille qui va bien » est très réussie. Elle apporte un peu de soleil dans cet univers en noir et blanc.

Nous pouvons être d’accord avec Meursault. La vie est absurde puisque la condition humaine de chacun a inéluctablement un commencement et une fin par le biais du vieillissement ou, plus habituellement, d’une maladie qui en assure son terme. Nous sommes les acteurs d’un entre-deux. Il nous reste la liberté relative de donner sens à cet entre-deux, en étant aussi honnêtes et lucides que peut l’être Meursault, en s’ouvrant à l’amour, à l’utile, à la création et à l’empathie, ce que Meursault ne sait pas faire.

Sans rien savoir d’elle - Sensa sapere di lei

Réalisation : Luigi Comencini

 

Scénario Suso Cecchi d’Amico,

 Raphaele La Capria,

Luigi Comencini et coll.

Date : 1969    Italie  

Durée : 96 mn

Acteurs principaux :

Philippe Leroy : Nanni Brà, l’inspecteur d’assurance

Paola Pitagora : Cinzia Mancuso

SA

 

Mots-clés :  héritage – secret – rencontre – amour – suicide assisté

 

sanriensavoirdelle

 

Étonnant et subtil Comencini

Sans rien savoir d’elle, Nanni tombe amoureux de Cinzia. Au départ, il s’agit d’une histoire d’argent et d’assurance. Une dame, en bonne santé apparente, est morte quelques heures avant la fin du temps rattaché à une assurance-vie. Le suicide est une clause dispensant la Société d’Assurance de livrer l’argent aux héritiers. La mort est suspecte.

Cette dame avait 5 enfants et Cinzia est la cadette de la fratrie.

Nanni s’intéresse à elle pour en savoir plus sur cette intrigante famille. Il tombe sous le charme. Il la reçoit chez lui.

Alors qu’ils viennent de passer la nuit ensemble, la jeune femme se suicide dans la baignoire en se coupant les veines. Elle se manque grâce à l’intervention de Nanni et d’un médecin installé dans le même immeuble. Nanni veut savoir le pourquoi du comment la maman est morte. L’amour croît entre eux, mais il semble impossible. Quelque chose liée à la mort de la mère fait obstacle. Nanni finit par savoir et vous saurez en découvrant le film.

Une vérité difficile à saisir

L’amour et la constance peuvent aboutir à faire surgir une vérité que l’on veut cacher.

L’histoire fait écho aux débats actuels sur les fins de vie des personnes âgées.

Nous avons passé 1968. Les mœurs sont plus libres mais les névroses, très présentes, compliquent les relations.

L’argent est présent, comme presque toujours.

Dans un tout autre domaine, les raisons de boire sont parfois enfouies et il n’est pas évident de les faire surgir au-delà des raisons apparentes.

L’actrice joue remarquablement. Son nom d’actrice fait penser au fameux théorème et son nom dans le film à celui du policier amateur de bowling de l’édifiant roman de John Kennedy Toole : La conjuration des imbéciles. Aucune parenté avec Igniatus, son héros, le géant obèse. Nanni est presque aussi élégant que Moretti (Nanni) au même âge.

Berlinguer, la grande ambition

Réalisation : Andréa Segre

Scénario : Andrea Segre, Marco Pettenello

 

Date : 2025    It

Durée : 122 mn

Acteurs principaux :

Elio Germano : Enrico Berlinguer

Elena Radonicich Letizia Larenti-Berlinger

Roberto Citran : Aldo Moro

Paolo Pierobon : Giulio Andreotti

Nicolaï Dantchev : Lzenoid Brejnev

SA

 

Mots-clés :  

Eurocommunisme – Dirigeant politique – Famille – couple - classe ouvrière – Courage – Lutte de classes – Gauchisme - Démocratie

 

 berlinguer

Enrico Berlinguer ou l’espérance politique 

 

Je suis heureux d’avoir connu cette époque de l’eurocommunisme. Je recommande à tous les adhérents de l’AREA de se précipiter pour découvrir ce film. J’avais amorcé un premier de côté, en 1974. Je ne voulais pas finir gastro-entérologue libéral avec les compromissions intellectuelles et autres que ce métier, pourtant intéressant et utile, exigeait. Si j’avais été italien, j’aurais rejoint le PCI, sans l’ombre d’une hésitation. Il défendait ce que j’aimais et combattait ce que je détestais.

Le film proprement-dit est une réussite, en dépit d’un titre peu explicite. Il échappe aux lourdeurs possibles d’un film historique ou militant. Il est vivant, enlevé et drôle, en dépit du sérieux de ce qui est traité.

Les acteurs sont convaincants, humains, qu’il s’agisse de Berlinguer, de sa femme, de ses enfants, d’Aldo Moro, tout spécialement, ou encore du camarade Léonid Brejnev.

Berlinguer a été Secrétaire général du Parti Communiste Italien de 1972 à 1984, l’année de sa mort, lors d’un meeting, d’un accident vasculaire.

Nul mieux que lui, dans le monde contemporain, n’a représenté le souci de lier intérêt général, indépendance nationale et libertés individuelles.

Le compromis historique, dont il se faisait l’ardent défenseur entre le peuple se reconnaissant dans le parti communiste et celui attaché à la Démocratie chrétienne, déplaisait à beaucoup. Son discours lors du 25ème congrès du Parti communiste de l’Union soviétique est un modèle de courage. Il échappa de peu, au retour, à un attentat organisé par les services spéciaux bulgares. Plus tard, ce fut le tour d’Aldo Moro d’être kidnappé par les Brigades rouge et exécuté, son corps abandonné dans le coffre d’une voiture, en plein Rome.

On mesure, avec ce film, le recul et disons la décomposition de la gauche mais également celle – plus grave – du corps social à tous les points de vue : économique, social, relationnel, culturel.

Le couple est une entité très forte, dans cette histoire, les enfants aussi et le dialogue entre générations existe, malgré « 1968 ».

Les protagonistes ne sont pas des robots, obsédés par leur image. Ils sont plutôt équilibrés et sensibles, en un mot : humains.

Le sens de l’intérêt général est évident chez Berlinguer, le sens du collectif également. Il y a des rencontres pour l’expression des opinions.

Le dialogue entre camps a priori opposés, sauf extrêmes, est possible.

Le peuple historique est un objet de considération et non de mépris voire de haine, comme c’est le cas aujourd’hui. Il est uni par une conscience de classe. L’individualisme « petit-bourgeois » ne s’est pas imposé.

La menace de la mondialisation – du déplacement des usines, là où les revendications salariales et sociales sont négligeables – est déjà explicite de la part du grand patronat, à l’exemple d’Agnelli, pour la Fiat.

La seule addiction identifiée est le tabagisme de Berlinguer. Il en mourra d’ailleurs, à un peu de plus de 60 ans, par un accident vasculaire cérébral, lors d’un meeting.

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