Thème proposé par Wiam                          1er Mars 2014

« J’ai pensé à présenter ce thème en lisant un texte de René Zazzo, intitulé  « Qu’est-ce que la connerie, madame ? ». N’est-il pas aussi pertinent de réfléchir à la connerie qu’à l’intelligence ?

(HG : Qu’est-il préférable faire réfléchir des cons à l’intelligence ou des gens intelligents à la connerie  et pourquoi pas des cons à la connerie ? Après tout, ce sont des experts !)

« Vous admettez qu’on peut à la fois être con et intelligent ? Les deux mots ne sont pas du même registre. Quand on dit de quelqu’un qu’il est intelligent, on fait référence, d’habitude, à ses capacités d’abstraction, à la logique de ses raisonnements […] Ce qui n’exclut pas la connerie. Alors, si le contraire de la connerie ce n’est pas la logique, l’intelligence académique, qu’est-ce que c’est ? ».

Zazzo évoque l’enquête qu’il a menée dans les années 1950 sur la connerie, une enquête par questionnaire dans laquelle il soumettait à des psychologues, psychiatres, médecins, une liste de 120 noms (dont ils faisaient aussi partie) et leur demandait de « cocher d’une croix le nom d’une personne qu’ils considéraient comme c… ». Entre autres résultats, nous dit Zazzo, « Aucun nom n’était exempt de croix. En bref, chacun de nous est le con de quelqu’un. Moi-même aussi, bien entendu, mais comme j’ai promis le top-secret, je ne donnerai pas mon score ».

La connerie est définie dans le dictionnaire Larousse comme une parole ou/et une action stupide et idiote. Une définition aussi limitée, car la connerie peut se référer à une décontraction de l’intelligence, selon Gainsbourg, à une pensée paresseuse, à l’acceptation de la connerie de l’autre.  N’est-il pas plus judicieux de décliner le mot au pluriel (la connerie politique, économique, sociale, émotionnelle, personnelle, etc.) ?

La dépendance alcoolique est-elle une réponse à la connerie ? Ou/et une adaptation à celle-ci ? Qu’est-ce que la connerie, Madame, Monsieur ?

HG : On peut d’ores et déjà féliciter Wiam pour ce thème qui aura, à l’évidence, une fonction thérapeutique majeure. Ceux qui manqueront la séance seront suspectés, à juste titre, d’être de vrais cons. Ceux qui viendront seront soupçonnés de délation ou de narcissisme. Allez venez, ne soyez pas intimidés. Plus on est de cons, plus on rit.

Pour achever de remplir cette page de présentation, j’évoquerai des cons de cinéma. Deux exemplaires me viennent à l’esprit. Monsieur Collins, le jeune pasteur d’Orgueil et préjugés, magistralement joué par Tom Hollander, est un con sublime. Il est compassé, content de lui, obséquieux. Il ne doute pas de lui, ce qui est un signe. Et, en plus, il a du succès auprès des demoiselles : Charlotte le dévore des yeux et Marie fantasme en voyant sa noire tenue. La bande des quatre de La Part des Anges doit son salut à l’ahuri, d’une inculture crasse mais d’un bon sens renversant, dans les périodes les plus critiques. Tous les cons ne font pas rire, hélas. Les cons les plus dangereux sont ceux qui ne manquent pas d’intelligence.