La viticulture, française en particulier, est l'expression d'un savoir-faire exceptionnel, face aux incertitudes de la Nature, d'un art et l'expression de la spiritualité d'un pays et d'une civilisation. Elle participe à la géographie saisonnière des plaines et des piémonts. Elle exprime l'unité dans la diversité. C'est un ancien étudiant qui a participé aux récoltes et un ancien cyclotouriste de montagne qui s'exprime.

Le vin n'a pas un pouvoir de dépendance à lui seul. Son mésusage est le fait des pratiques collectives et individuelles.

Les pratiques collectives susceptibles de dérégler le système de récompense cérébral sont de la responsabilité des alcooliers et des actions publicitaires diversifiées qu'ils induisent. Il faut relever, à ce propos, la complaisance et la démission des Pouvoirs publics et l'absence d'éducation à visée informative et préventive dans les milieux scolaires. Les préoccupations mercantiles l'ont toujours emporté sur le souci de la santé publique.

Le choix de l'alcool comme composante festive obligatoire est le reflet du désarroi contemporain et de comportements grégaires encouragés pour leurs retombées économiques et politiques.

À l'échelle individuelle, la dépendance à l'alcool s'installe à partir de facteurs de vulnérabilité diversifiés qui justifient un accompagnement clinique et psychothérapique qui n'existe pas à ce jour, à la hauteur des enjeux de Santé publique. Les contrôles de consommation médicamenteux et la « gestion pragmatique des dommages », avec ses arrière-pensées politiques, ne sont pas appropriés pour la grande majorité des problématiques alcooliques.

Le transfert de l'usage des drogues dures illégales à des consommations d'alcool est une étape possible dans la socialisation des addictés. Les usagers de drogues illégales ou de médicaments dopants réduisent le vin, comme les personnes devenues dépendants de l’alcool, aux fonctions psychotropes anxiolytiques, euphorisantes ou anesthésiantes de la molécule alcool.

Nul citoyen sérieux ne peut amalgamer les alcools forts et les bières fortes à la consommation de vins de qualité. La mention "à consommer avec modération" dans la publicité de ces produits est une triste hypocrisie.

On peut regretter que les changements climatiques contribuent à augmenter le degré d'alcool des vins. La qualité devrait l’emporter sur la quantité.

Le raisin de table possède une substance de protection vasculaire dans les grains. Cette particularité a servi de moyen de propagande pour l’industrie du vin.

La production nationale étant excédentaire, l'Etat devrait adopter des mesures financières dissuasives à l'encontre des productions d'alcool étrangères, ce qui aurait l'avantage de mettre en cause l'asservissement du pays par le libre-échange.

L’Etat a fait acte de santé publique pour le tabac. Il s’en est abstenu pour les alcools. Son attitude est plus qu’ambiguë pour les drogues illégales et, désormais, les addictions numériques.

Les alcooliers seraient bien inspirés de détourner une partie de leur budget publicitaire vers l’aide aux structures d’accompagnement, existantes ou à venir, des personnes en difficultés avec l’alcool, dans la mesure même où l’Etat est démissionnaire. Ils devraient favoriser des enseignements cliniques dignes de ce nom.

Les addictions dans leur ensemble participent à l’effacement de l’esprit critique, à la propagation du malheur humain, à la désagrégation du lien social, au désenchantement du monde. Nul ne peut l’ignorer, pas même l’épicurien. Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités.

Henri Gomez