Les moyens de l’ambition.

L’ambition des moyens.

La distinction entre la fin et les moyens se veut pragmatique : si quelqu’un, une association, ou une entité plus vaste, ne se donne pas les moyens de son ambition, elle finit par avoir l’ambition de ses moyens.

Le hasard a donné l’occasion de découvrir un film négligé : « L’enjeu », d’un fervent de la démocratie nord-américaine, Franck Capra. Le film sortit en salle de cinéma en 1946, quelques semaines après l’élection d’Harry S. Truman et les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki. Cette œuvre tardive du réalisateur est d’une étonnante actualité. Elle peut ‘‘réveiller’’ toute personne, toute association ou toute autre entité, en rapprochant précisément la fin et les moyens.

Ce qui est déterminant, dans cette alternative, se situe dans la raison d’être et peut-être plus encore dans la façon de persister, parallèlement aux objectifs visés, atteints, ou manqués parce qu’inaccessibles à l’épreuve du réel.

Nous pouvons décliner ce préambule à la finalité de l’area, à ses objectifs, aux moyens indispensables, nécessaires et souhaitables, ce qui ouvre à une réflexion sur le budget à réunir pour persister, indépendamment de sa présentation comptable, claire pour ses experts, obscure pour l’adhérent ou le donateur.

La finalité de l’AREA 31, depuis sa création de fait, en 1989, est triple :

  • apporter des solutions de proximité aux personnes en difficulté avec l’alcool,
  • faire vivre une approche méthodologique, avec des contenus théoriques et des formes pratiques à l’origine d’un accompagnement efficient, c’est-à-dire cliniquement aussi efficace que possible et, économiquement, peu coûteux,
  • durer et susciter un effet modèle, comme entité structurelle, et pour des éléments en termes d’organisation, d’approches cliniques dites intégratives et éclectiques.

L’AREA illustre une alliance hiérarchisée mais souple entre des cliniciens et des aidants. La qualité des relations interpersonnelles y est déterminante.

Comprendre cette finalité et la faire vivre ne va pas de soi tant l’air du temps est favorable aux pesanteurs comptables, bureaucratiques et normatives, objectivement « à côté de la plaque ». La limitation de la posologie du Baclofène à 80mg par l’Agence du Médicament est une illustration de plus de la coupure entre ceux qui décident et ceux qui savent, entre ceux qui régissent et ceux qui font. La Société Française d’Alcoologie a réagi comme il convient à cette nouvelle manifestation de l’arbitraire schizophrénique des gouvernants. 

Trouver les moyens qui permettent de faire du bon travail est encore plus compliqué. C’est pourtant notre préoccupation : « Ni périr, ni trahir ». À tout prendre, nous préférerions mettre la locomotive sur la voie de garage plutôt qu’elle ne déraille dans le banal. Chacun, soignant, patient, proche, autorités publiques, entreprises vont pouvoir prendre leur responsabilités. Nos dossiers sont constitués. Nous apprécierons alors comment décliner les fins.