Réalisation : pour la BBC, Lisa  Clarke, Olivier Blackburn, Charles Sturridge

Scénario : Andrew Davis, d’après le roman inachevé de Jane Austen

Date : 2019               

Durée : Série de 8 épisodes de 30mn environ

Acteurs principaux :

Rose Williams (Charlotte Heywood, l’héroïne, aînée d’une fratrie de onze, accueillie à Sanditon par les Parker)

Kris Marshall (Tom Parker, le promoteur irréfléchi de la station balnéaire)

Théo James (Sidney Parker, le beau ténébreux condescendant, frère de Tom

Anne Reid (Lady Denham, la vieille dame riche, associée au projet de Tom Parker)

Léo Suter (James Stringer, le beau et gentil chef d’équipe)

Jack Fox (Edward Denham, pervers et calculateur, parent de la vieille lady)

Charlotte Spencer (Esther Denham, sœur d’Edward, sous emprise de son frère)

Lily Sacofsky (Clara Brereton, parente pauvre de la lady, une calculatrice sans scrupule !)

Chrystal Clarke (Giorgiana, la riche héritière indocile, originaire d’Antigua, protégée de Sidney)

Alexandra Roach (Diana Parker, l’épouse débordée de Tom)

Mark Stanley (Lord Babington, l’amoureux transi et déterminé d’Esther Denham)

Turlough Convery (Arthur Parker, le frère hypocondriaque et boulimique de Tom)

Kate Ashfield (Inséparable de son frère Arthur et presque aussi hypocondriaque que lui)

Elisabeth Berrinton (Madame Griffith, la londonienne aux relations, amie de Charlotte)

Adrian Scarborough (Le docteur Fuchs, la caution médicale de la station balnéaire)

 

Mots clés : Station balnéaire – Premier amour – Bon sens – Perversion – Argent – Bonne humeur

 

Pour les fidèles de Jane Austen, la série « Bienvenue à Sanditon », dont la BBC a pris l’initiative, est un bonheur inespéré. L’habileté consommée d’Andrew Davis, avec l’aide d’autres scénaristes et l’intervention de plusieurs réalisateurs, a concrétisé un projet ambitieux : transposer à l’écran le roman inachevé de Jane Austen. Pour les anglais, tout roman de Jane Austen, dont le portrait décore des billets de banque de dix livres, est une source assurée de retour sur investissement. Sanditon a l’aura particulière de n’avoir pu être mené à son terme en raison des progrès de la tuberculose des surrénales de son auteure, diagnostic rétrospectif le plus probable. Notre discrète célibataire acheva sa vie dans une maison de Collège Street, tout proche de la cathédrale de Winchester, dans le Hampshire. Elle repose sous une dalle de l’édifice, sans mention de sa qualité d’écrivaine.

La qualité de portraitiste d’Austen se prêtait mal à une reconnaissance explicite par la religion anglicane. Nous devons reconnaître à Andrew Davis, comme à nombre des professionnels du cinéma associés, une connaissance fine de l’œuvre d’Austen. Celle-ci a incarné une part de l’identité du peuple anglais de son temps. Au-delà, il se dégage de ses romans une atmosphère singulière, une forme de méditation ironique sur la condition humaine, à l’entrée dans la Modernité, avant que ne commence l’époque actuelle avec la suprématie de l’image et des nouvelles technologies.

Bienvenue à Sanditon, donc. Pas de violence explicite, pas d’extra-terrestres ni d’effets spéciaux. Rien ne manque, pourtant, à ce passage au microscope des mœurs ordinaires dont la mise en évidence est rehaussée par le décalage de lieu et d’époque.

Le style d’Austen est délicatement chirurgical. Le parti pris est d’apporter une touche de comique à la plupart des situations. Tom Parker, le promoteur d’une future station balnéaire, est un rêveur qui risque la faillite. Il néglige sa famille, s’endette, parlemente pour obtenir des délais et des crédits, ne paye pas les ouvriers qu’il a embauchés pour transformer un modeste village de pêcheurs en station à la mode, susceptible d’attirer le beau monde, l’équivalent de Bath. À cette époque, la famille nombreuse était une règle. L’héroïne, Charlotte Heywood est la jeune aînée d’une fratrie de onze enfants. Jane Austen appartenait aussi à une famille prolifique. Tom Parker dispose également de deux frères et d’une sœur. Sidney, le beau ténébreux, s’est enrichi dans le commerce avec les colonies, ici, Antigua, l’île des Caraïbes où vécut l’amiral Nelson. Son frère, Arthur, et sa sœur, sont deux hypocondriaques, inséparables, non dénués de cœur. Les personnages se rapprochent parfois de caricatures. Jane, avant de disparaître, avait décidé que l’agitation de monde ne justifiait pas qu’elle soit prise au sérieux.

L’histoire ne se raconte pas. Elle se découvre. La fin des huit épisodes n’est pas sans évoquer le réalisme pessimiste de l’auteure, reflet de sa vie. Nous savons qu’il y a eu une suite. Sanditon est une histoire sans fin.