Réalisateur et scénario : Spike Jonze

Date : 2012      JUSA Durée : 126 mn

Acteurs principaux : 

Joaquin Phoenix : Théodore

Scarlett Johansson : La voix de Samantha

Rooney Mara : l’ex-femme de Théodore

Amy Adams : la meilleure amie de Théodore

A/SA/HA

Mots-clés : Intelligence artificielle – deuil – fantasme – imagination - thérapie

her

Théodore a une fonction d’écrivain public dans une entreprise. Il rédige des lettres de toutes sortes à la place de commanditaires qui ne peuvent ou n’ont pas envie de se donner la peine d’écrire. Son union matrimoniale est rompue depuis des mois. Il ne se décide pas à signer les papiers du divorce. Un état de dépression perdure. Il installe sur son ordinateur personnel un logiciel auquel il donne une voix féminine qui répond au prénom de Samantha. Le film est l’histoire de leur relation.

Une fiction astucieuse

Il faut reconnaître aux nord-américains une indiscutable aptitude à transformer les besoins humains les plus fondamentaux en dollars. Désormais, la solution aux chagrins d’amour et au désarroi contemporain trouve sa réponse dans l’acquisition d’un programme numérique intelligent.

Vous choisissez un prénom qui vous fait rêver et la douce et plaisante voix de votre IPhone (Merci, M. Zuckerberg !) en l’occurrence, ici, celle de l’héroïne de Under the skin et Lost in translation, va combler vos manques. L’histoire ne précise pas si l’acheteur a le choix de l’acteur ou l’actrice.

Théodore a trouvé le moyen d’une thérapie économique et indolore : il remplace celle qui est partie par la créature virtuelle de ses rêves. La voix répond à ses attentes. Elle s’accorde à lui, en toutes circonstances, et l’aide à faire le deuil de feu son épouse. La voix assure ainsi la translation vers une amie devenue disponible par l’effet d’une rupture sentimentale : une rupture + une rupture = une nouvelle union.

L’ordinateur illustre la force réparatrice du rêve. Certaines personnes clouées dans leur lit à la suite d’une pathologie paralysante peuvent ainsi faire l’économie des relations par l’effet de leur imagination. Le génie numérique rend inutile la rencontre en lui substituant un fantasme construit. Le bonheur est à la portée de tout schizophrène qui a les moyens de s’offrir un programme numérique.

Le film de Spike Jonze est plaisant. Son pouvoir apaisant est indiscutable au point qu’un spectateur fatigué par sa journée de travail risque fort de s’y endormir. N’est-ce pas là la fonction de ce genre de fiction ? Les somnifères, les anti-dépresseurs, les anxiolytiques, les psys deviennent inutiles. Il suffit de trouver la bonne Voix.