Réalisation : Carlos Saura
Scenario : Carlos Saura, Rafael Ascona
Date : 1973 Espagne
Durée : 102 mn
Acteurs principaux :
Géraldine Chaplin : Anna,
Fernando Gomez : le mystique
José Maria Prada : le collectionneur d’uniformes
José Vivo : l’obsédé sexuel
Rafaela Aparicio : la mère foldingue
SA
Mots-clés :
Névroses – matriarcat – machisme – isolement – dangerosité
Le film de Carlos Saura a été porté à l’écran en 1973, soit deux ans avant la fin de l’Espagne de Franco. Sa construction est métaphorique. Elle utilise la caricature et le grotesque. La belle demeure isolée figure l’Espagne repliée sur elle-même, isolée du reste du monde. Les trois fils incarnent les piliers du Régime.
La violence est incarnée par José, qui se présente, pas moins, comme le « patriarche », le garant de la Nation. Il est amateur d’uniformes militaires et de révolvers. C’est une copie parodique du dictateur espagnol, content de lui et sûr de sa force. Il offre à la jeune gouvernante sa protection, après avoir procédé à une fouille en règle de ses affaires personnelles et se donner le droit d’ouvrir son courrier.
Juan, père de trois fillettes, s’impose d’emblée comme un obsédé sexuel. Il tourne, d’emblée, autour d’Anna. Il va exprimer sa lubricité par lettres anonymes interposées, utilisant les timbres de la collection du père défunt.
Fernando, le préféré déclaré de sa mère, incarne la bondieuserie du régime. Il se prend pour un ermite. Son apparent détachement masque des obsessions castratrices transposées sur les cheveux de l’héroïne.
La mère impotente, que l’on pourrait rapprocher d’un Etat tentaculaire et liberticide, est soumise à des crises douloureuses qui mobilisent son entourage. Dans les intervalles, elle exprime ses caprices, elle distribue ses faveurs, ses opinions et ses directives, véhiculée par des domestiques qui la transportent en fauteuil.
Quant à Anna, qui pourrait figurer le peuple captif et soumis, elle essaie de trouver des compromis ne serait-ce que tactiques avec chacun de ses personnages. Innocente et complice. Ce sera peine perdue.
Au total, une fable typiquement espagnole, avec son ironie noire et dénonciatrice.