Réalisation et scénario :  Carlos Saura

Date : 1979                   Espagne

Durée : 95 mn

Acteurs principaux : 

Géraldine Chaplin : Ana

Amparo Munoz : La maman

Norman Briski : l’époux d’Ana

Fernando Gomez : le mystique au deltaplane

Charo Soriano : Luchi, l’épouse cupide

José Vivo : son époux volage 

Angeles Torres : Carlotta, leur fille allumeuse

A/ SA

Mots-clés : Matriarcat– Héritage– Mœurs - Cupidité – Médiocrité -

 

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Carlos Saura a eu l’idée singulière de reprendre la trame – dans le même lieu, avec les mêmes personnages – d’une réalisation conçue, en 1975, dans les dernières années du franquisme. En 1979, l’Espagne vit une démocratie royale. Elle devient institutionnellement européenne. La prospérité et la consommation sont à l’ordre du jour. L’héroïne, Ana, mourait abominablement dans la première histoire. Comme dans un rêve reconstruit, nous retrouvons Ana, plusieurs années plus tard, rendant visite à la famille horrible qui avait perpétré son assassinat. Elle est accompagnée de son époux, que l’on devine rapidement sans consistance. Son ancienne chambre de gouvernante lui est proposée, avec la même salle de bain. Les trois filles dont elle était censée s’occuper comme gouvernante ont grandi. Le fils aîné est mort, hélas, et la famille se réunit devant sa tombe, aux côtés de la maîtresse de maison sur le point de célébrer sa centième année.

On prend les mêmes et on recommence

Saura poursuit sa métaphore cinématographique. La maison, c’est le territoire espagnol, la mère, c’est l’Espagne, l’esprit de la Nation. La religion s’est convertie dans les essais de vol en delta-plane. La violence criminelle prend la forme d’une tentative d’empoisonnement de la reine-mère. Une des filles partage le même regard que ses parents : il est temps que la vieille crève pour avoir le magot de l’opération immobilière engagée. La sexualité se débride : une autre fille a tôt fait de faire une bouchée de l’époux d’Ana. Cette dernière n’est guère plus maligne que son conjoint. Elle réussit cependant à prêter secours à la centenaire. Les héritiers devront attendre encore un peu.