Réalisation : John G. Avildsen
Scénario : Norman Wexler
Date : 1970 F Durée : 107 mn
Acteurs principaux :
Peter Boyle : Joe Curran
Dennis Patrick : Bill Compton
Audrey Caire : Joan Compton
Susan Sarandon : Melissa Compton
A/ SA
Mots-clés :
Drogues – marginalité - contre-culture hippie – Décadence nord-américaine - assassinats
Un jeune chanteur se drogue. Il organise son business. Sa petite amie, Melissa, enfant d’une couple bourgeois très aisé, consomme aussi des produits, sans réel enthousiasme. Le père de Melissa, Bill Compton, se charge de reprendre les affaires de sa fille chez le chanteur-dealer, après que cette dernière ait été conduite à l’hôpital. Elle a eu un malaise induit par la drogue. Il tombe sur le chanteur-dealeur, le malmène si bien, qu’il le tue. Il reprend ses esprits dans un bar et entend Joe, un ouvrier, déverser sa haine des jeunes drogués et des autres parasites sociaux, évidemment noirs. Bill, sous l’effet de verre de whisky, déclare – avant de se récuser – qu’il vient de tuer un de ces dépravés détestés par Joe. Le journal du lendemain fait état du meurtre de jeune chanteur, en évoquant l’hypothèse du règlement de compte entre dealers. Joe – finaud dans sa bêtise – fait le rapprochement. Il ne veut pas dénoncer ou faire chanter Bill. Au contraire, Bill est en quelque sorte son idéal du Moi : Bill a osé faire ce qu’il a rêvé de faire. Dès lors, il le colle, se lie d’amitié. Le couple Compton doit accepter l’invitation de Joe d’un dîner à la maison. Le Bad trip ne fait que commencer…
Made in USA !
Les années 70 ont coïncidé avec la banalisation fulgurante des produits psychoactifs aux USA. Les lieux d’initiation se multipliaient en milieu urbain. Dans le même temps, la condition ouvrière laissait plus qu’à désirer, la marginalisation sociale se développait, pendant que d’autres s’en mettaient plein les poches. L’intégration des citoyens afro-américains faisait encore problème. L’apartheid n’était pas loin. Une forte proportion de jeunes ne croyait pas au modèle sociétal fondé sur la consommation et l’ascension sociale. Ils saisissaient mal l’intérêt de la guerre du Vietnam qui mobilisait plusieurs centaines de milliers de soldats US à la fin des années 60. Un certain nombre d’entre eux, revenus à la vie civile, détenaient des armes, en toute légalité. Les pratiques religieuses étaient en chute libre, notamment dans la population blanche, comme l’a bien expliqué Emmanuel Todd.
Cette histoire prend la valeur d’un document d’époque. Comme l’indique Stefan Zweig, cité par Roland Gori, dans son ouvrage « Décivilisation » : « Nous avons dû donner raison à Freud, quand il ne voyait dans notre culture qu’une mince couche que peuvent crever à chaque instant les forces destructrices du monde souterrain, nous avons dû nous habituer peu à peu à vivre sans terme ferme sous nos pieds, sans droit, sans liberté, sans sécurité. »
Ce qui était vrai avant-hier et hier l’est aussi aujourd’hui. Mais nous n’avons plus besoin de nous rendre aux USA, de voir Joe et Bill à l’œuvre, pour le vérifier.