Réalisation : Andréa Segre
Scénario : Andrea Segre, Marco Pettenello
Date : 2025 It
Durée : 122 mn
Acteurs principaux :
Elio Germano : Enrico Berlinguer
Elena Radonicich Letizia Larenti-Berlinger
Roberto Citran : Aldo Moro
Paolo Pierobon : Giulio Andreotti
Nicolaï Dantchev : Lzenoid Brejnev
SA
Mots-clés :
Eurocommunisme – Dirigeant politique – Famille – couple - classe ouvrière – Courage – Lutte de classes – Gauchisme - Démocratie

Enrico Berlinguer ou l’espérance politique
Je suis heureux d’avoir connu cette époque de l’eurocommunisme. Je recommande à tous les adhérents de l’AREA de se précipiter pour découvrir ce film. J’avais amorcé un premier de côté, en 1974. Je ne voulais pas finir gastro-entérologue libéral avec les compromissions intellectuelles et autres que ce métier, pourtant intéressant et utile, exigeait. Si j’avais été italien, j’aurais rejoint le PCI, sans l’ombre d’une hésitation. Il défendait ce que j’aimais et combattait ce que je détestais.
Le film proprement-dit est une réussite, en dépit d’un titre peu explicite. Il échappe aux lourdeurs possibles d’un film historique ou militant. Il est vivant, enlevé et drôle, en dépit du sérieux de ce qui est traité.
Les acteurs sont convaincants, humains, qu’il s’agisse de Berlinguer, de sa femme, de ses enfants, d’Aldo Moro, tout spécialement, ou encore du camarade Léonid Brejnev.
Berlinguer a été Secrétaire général du Parti Communiste Italien de 1972 à 1984, l’année de sa mort, lors d’un meeting, d’un accident vasculaire.
Nul mieux que lui, dans le monde contemporain, n’a représenté le souci de lier intérêt général, indépendance nationale et libertés individuelles.
Le compromis historique, dont il se faisait l’ardent défenseur entre le peuple se reconnaissant dans le parti communiste et celui attaché à la Démocratie chrétienne, déplaisait à beaucoup. Son discours lors du 25ème congrès du Parti communiste de l’Union soviétique est un modèle de courage. Il échappa de peu, au retour, à un attentat organisé par les services spéciaux bulgares. Plus tard, ce fut le tour d’Aldo Moro d’être kidnappé par les Brigades rouge et exécuté, son corps abandonné dans le coffre d’une voiture, en plein Rome.
On mesure, avec ce film, le recul et disons la décomposition de la gauche mais également celle – plus grave – du corps social à tous les points de vue : économique, social, relationnel, culturel.
Le couple est une entité très forte, dans cette histoire, les enfants aussi et le dialogue entre générations existe, malgré « 1968 ».
Les protagonistes ne sont pas des robots, obsédés par leur image. Ils sont plutôt équilibrés et sensibles, en un mot : humains.
Le sens de l’intérêt général est évident chez Berlinguer, le sens du collectif également. Il y a des rencontres pour l’expression des opinions.
Le dialogue entre camps a priori opposés, sauf extrêmes, est possible.
Le peuple historique est un objet de considération et non de mépris voire de haine, comme c’est le cas aujourd’hui. Il est uni par une conscience de classe. L’individualisme « petit-bourgeois » ne s’est pas imposé.
La menace de la mondialisation – du déplacement des usines, là où les revendications salariales et sociales sont négligeables – est déjà explicite de la part du grand patronat, à l’exemple d’Agnelli, pour la Fiat.
La seule addiction identifiée est le tabagisme de Berlinguer. Il en mourra d’ailleurs, à un peu de plus de 60 ans, par un accident vasculaire cérébral, lors d’un meeting.