Anatomie

D’une offensive

Réactionnaire

  

Alex Mahoudeau

Petite encyclopédie critique

Textuel 16€90 157p

61 axUzNML. UF10001000 QL80

 

Comment prendre en compte et comprendre le wokisme ? Lors d’une visite à Ombres blanches, j’ai demandé à une des libraires de me proposer un ou deux ouvrages argumentant en faveur de ce courant.

Le quatrième de couverture de « La panique woke » précise : « Né des luttes antiracistes des Afro-Américains dans les années 1950, il signifie être éveillé, conscient politiquement ». Un vrai défi de nos jours : être conscient politiquement ! Pour les détracteurs de ce mouvement, « la prétendue idéologie woke serait un nouvel avatar du « politiquement correct » ou de la « cancel culture » et infiltrerait les centres de pouvoir, des médias aux grandes entreprises ». L’auteur y voit une offensive réactionnaire. Seulement ?

L’auteur – Alex Mahoudeau – use du pseudonyme de « Pandov Strochnis » dans les réseaux sociaux.

Je me suis efforcé de m’intéresser aux différents chapitres de cet ouvrage et de comprendre de quoi il est question. En 2021, un sondage indiquait que 8% des personnes interrogées savait de quoi il s’agissait. Elles citaient, notamment, l’écriture inclusive.

Mahoudeau n’est pas désireux de répondre à la question « Qu’est-ce que le wokisme ? » « …mais de comprendre pourquoi ce phénomène, réel ou supposé, intéresse autant une partie du monde social, celle qui a accès aux plateaux de télévision, aux grands hebdomadaires etc… ».

Il associe systématiquement la critique de l’idéologue wokiste aux seuls « réactionnaires ». Donc, si vous n’êtes pas en phase avec des composantes de l’idéologie woke, vous êtes délibérément ou inconsciemment réactionnaire.

Pour argumenter sa charge contre les adversaires du wokisme, l’auteur cite volontiers leurs propos, ce qui ne manque pas toujours d’intérêt. Ainsi, Matthieu Bock-Cotté, pour lequel « le messianisme hante l’histoire de la civilisation occidentale et l’énergie religieuse inemployée… finira toujours par se canaliser quelque part » (p14).

Il s’interroge, à la suite d’autres auteurs : « Pourquoi les morts liés aux drogues illégales causent-ils une panique à partir des années 60, quand une drogue légale comme l’alcool cause, à l’époque, dans une relative indifférence, un bien plus grand nombre de morts, notamment sur la route ?» (p71). Une drogue légale… Une relative indifférence… En quoi, cette digression, en forme de vérité première, concerne-t-elle le wokisme, qu’il s’agisse de ses partisans, de ses détracteurs ou de ceux qui en nient l’existence ?

Je retiens certains intitulés qui peuvent faire réfléchir sans exclusive :

  • Mélanger le bon, le mauvais, l’insignifiant
  • Ne pas parler des problèmes les fait disparaître
  • « Tout le monde joue la victime, sauf moi qui en suis vraiment une ».

J’incite le lecteur de cette fiche à se faire une opinion par lui-même.

Puisque ce hérault du combat anti-anti-woke s’est abstenu de donner sa définition du wokisme, je risque la mienne.

Il s’agit d’un concept-écran importé des USA, relayé par une fraction de la nouvelle petite bourgeoisie des villes, diffusé par les réseaux sociaux. Il accompagne la démission de nos élites et de nos sous-élites à affronter les problèmes issus de la globalisation opérée par le capitalisme financier. Il sert d’argument politique, à droite (!) et à gauche (?), pour récolter une adhésion à peu de frais, par la peur ou la victimisation. J’ajoute que les dégâts de cette idéologie sont loin d’être négligeables chez les jeunes.