Michel ONFRAY

L’autre

Collaboration

Les origines françaises

De l’islamo-gauchisme

22€, 446 pages

Plon

 lautrecollaboration

Que sont nos philosophes devenus ? Michel Onfray est médiatiquement très présent. Il écrit beaucoup. J’achève la lecture de L’autre collaboration. Balayer devant la porte du voisin est un sport national, mettre en exergue les impostures de tous est plus utile, dans la mesure où elles engagent le pronostic vital de notre pays.

Dans cet ouvrage très lisible et également documenté, M.Onfray révèle l’antisémitisme d’intellectuels considérés de gauche, si, toutefois ce terme a encore un sens.

Pour ma part, je m’étais depuis longtemps et rapidement détourné des penseurs mentionnés (ceux, du moins, dont je connaissais l’existence), après un contact parfois très bref avec leurs productions.

Il en a été ainsi de Deleuze, après avoir acquis trop hâtivement ses deux ouvrages sur le cinéma. Je sais ce que notre pays doit aux « déconstructivistes », après un passage prolongé de ce courant d’opinions aux USA. J’utilise habituellement le cinéma comme langage de soin et le charabia de Deleuze m’avait dissuadé d’entrer plus avant dans ses livres.

Je déteste depuis toujours la production - à peine survolée - d’Alain Badiou, aux origines toulousaines. Lui aussi a écrit sur le cinéma.

Je le tiens pour un insupportable esprit faux, très imbu de lui-même, un fabriquant de sophismes, dont celui-ci : l’islamisme à l’origine du 11 septembre 2001, qui s’en prend au « Grand Satan » n’existe pas. Il prend l’apparence du vrai dans le miroir de l’islamophobie ! Nous devrions seulement prendre en compte l’islamophobie spontanée de « l’oncle Sam ». (p. 387) !

Les métamorphoses idéologiques successives de Roger Garaudy m’avaient estomaqué en leur temps. J’ignorais le degré de négationnisme islamophile, consécutif à sa dernière union. Le féminisme de Simone de Beauvoir m’avait toujours laissé dubitatif. J’avais un peu sous-estimé la perversion du couple qu’elle formait avec Jean-Paul Sartre. Avec le recul de quelques dizaines d’années, la mode Genet, promue par ce dernier, pourrait faire sourire. J’ai été stupéfait d’apprendre que Faurisson, le négationniste cité par Le Pen, a été classé à gauche.

Onfray pointe l’antisémitisme de Luther et de Marx. J’ai préféré la pensée de Gramsci à celle de Marx, marquée – comme chacun sait – par l’économisme protestant, à l’origine d’une forme de théologisme ouvriériste. Mais tout de même.

La description documentée des contorsions intellectuelles des partisans d’Heidegger est assez hallucinante. Cependant Hannah Arendt, elle-même, avait été fascinée un temps par le philosophe pronazi. Je ne regrette pas d’être resté ignorant de la pensée de Ricoeur ou d’Alain. Je cite toujours des auteurs que j’ai pris la peine de découvrir. Qui sait, autrement, j’aurais pu être abusé par certaines de leurs citations.

Il n’en reste pas moins que les plus écœurants et les moins précautionneux antisémites que j’ai croisés étaient des pétainistes de Droite, de ceux qui préféraient viscéralement Hitler au Front populaire (au vrai !). Le fait qu’un démagogue, mégalomane et narcissique, ait pris le relais, en « islamo-gauchiste » converti par l’amour, ne change rien à cette réalité.

Michel Onfray pourrait-il, indirectement, nous aider à nous faire quitter notre invisibilité, nous qui accueillons depuis toujours et sans discrimination toute personne souffrant de l’addiction alcoolique ? À ce propos, les alcooliques de confession juive sont inexistants en Consultation. Se cacheraient-ils ? L’Intérêt général et le respect de toute personne humaine n’ont pas de couleur politique définie. Nous l’espérons encore. Espérons.