Emmett Dalton

LE GANG DES DALTON

Notre véritable histoire

Petite bibliothèque Payot

8€

 

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L’avantage d’une librairie est de savoir disposer les ouvrages à découvrir, indépendamment des salles et des étagères dédiées, et même des libraires très qualifiés qui renseignent. Lors d’une de mes visites à la plus connue de ces dernières à Toulouse, je n’ai pas eu de mal à être accroché par le titre et la première de couverture de ce livre de poche. Un retour en arrière dans l’enfance, qui ne finit jamais, l’univers décrit, avec brio et humour, par John Ford et par Morris, le créateur de Lucky Luke, restant présent dans notre mémoire...

La véritable histoire des Dalton est racontée par l’unique survivant du braquage des deux banques de Coffeyville, Emmett, le plus jeune de la fratrie. Blessé, il purgea 14 années de prison avant de devenir (un modeste) acteur à Hollywood ! Il mourut en 1935.

C’est la mémoire d’un repenti qui est sollicitée, avec un souci d’explications sinon de justifications.

L’ouvrage est parsemé de photographies des frères Dalton, dont celle de Bob, le leader, un beau garçon, et sa dernière en cadavre habillé, côte à côte avec d’autres « méchants » comme endormis, contre le mur de la prison locale. Bob avait une égérie, Eugenia Moore, une jeune femme intelligente, télégraphiste, qui les renseignait sur le passage des trains à attaquer. On retrouve son portrait, elle debout, à ses côtés, lui assis, comme c’était la coutume à l’époque.

Un récit de western avec des explications politiques

L’intérêt du livre vaut par le regard porté sur l’engrenage qui fit de garçons d’une honnête famille des « despérados ».

Les Dalton n’étaient seuls en cause dans les attaques de train. La bande comportait d’autres individus, comme les frères James et les frères Younger. Bob, le meneur, avait d’abord été « deputy marshall », au service, donc, de la Loi, en l’occurrence surtout la loi des banques et de la compagnie ferroviaire du sud. Il avait abandonné cette fonction, faute d’avoir été… payé. Il était franchement passé de l’autre côté, après la mort violente, au cours d’une mission, d’un de ses frères, Grat, également « Deputy marshall ». A l’époque, ceux qui manient le colt se divisaient entre Marshall et malfaiteurs. La frontière était aisément franchissable, comme celle du Mexique. En outre, n’importe quel citoyen pouvait s’attaquer à un-hors-la-loi recherché, pour toucher la prime liée à sa capture « mort ou vif ». Les Dalton s’en prenaient à l’argent des banquiers, convoyé par les trains de ’'Express Company ». L’attaque fatale des banques de Coffeyville semble la conséquence du désespoir de Bob, apprenant la mort de Jenny. À plusieurs reprises, les Dalton avaient caressé le rêve d’aller s’établir « honnêtement » au Mexique, après avoir fait le plein en billets de banque.

Emmett s’en prend à la façon dont la Justice était rendue et aux maltraitances dont les prisonniers faisaient l'objet dans nombre de prisons. Il semble avoir été épargné de ces mauvais traitements, rencontrant aussi des personnes bienveillantes en ces lieux.

Quelques lignes de sa main pour terminer cette présentation.

P 170 : « Notre système judiciaire est, par bien des aspects, une vaste farce. Les tribunaux deviennent des théâtres, non dans un but d’accomplissement de la justice, mais dans la course à la publicité personnelle. »

P 171 : « Les prisonniers sont achetés et vendus sur le marché public, vendus au plus offrant, telles des marchandises, de la même façon que l’étaient les esclaves noirs autrefois. »

P 172 : (Dans certains États, on « y apprend comment des hommes y sont fouettés jusqu’à la mort, affamés et maltraités jusqu’à la démence, abandonnés dans des cachots obscurs et insalubres… (ceci traduisant) une passion dévorante pour l’idée de vengeance ».

À la fin du XIXème siècle, les prisonniers n’avaient pas la vie facile, mais ce qui est décrit semble exister de nos jours dans certains pays ne paraît pas très différent. Et, dans notre pays, quoiqu’en en dise, les séjours ne sont pas une sinécure.