Lundi 14 décembre

Dans cette période proche de Noël, la thématique des bonheurs est logiquement venue à l’esprit. La distinction entre le pluriel et le singulier ne pouvait que suivre.

Il est facile de s’accorder sur la nécessité et l’accessibilité de bonheurs, de petite taille, si on en croit le sens commun. Avoir la capacité de vivre des « petits » bonheurs n’est pas une aptitude aussi partagée qu’il est habituellement admis. Les bonheurs ont pour caractéristique générale d’être éphémères. L’esprit doit être suffisamment libre pour les saisir au vol, avant qu’ils ne s’effacent. Chacun peut s’exercer à vivre de tels instants et à s’efforcer de les mémoriser ensuite, en les racontant ou en les annotant pour soi.

Ces petits bonheurs sont difficilement accessibles à quelqu’un de déprimé, d’humilié, de dévalorisé ou d’effrayé. L’état de frustration est également un obstacle à la capture de ces bonheurs. Il est donc nécessaire d’effectuer en permanence un travail de mise à distance de ses émotions négatives. Ce souci de détachement émotionnel ne signifie pas pour autant que nous devenions sourds et aveugles aux souffrances, dysfonctionnements et aberrations de notre environnement. Ce qui nous dérange à juste titre mérite mieux que le déni ou l’évitement.

Nous avons pu voir, ces derniers temps, une photo de la place du Capitole où se juxtaposaient des corps habillés de noir. Ils témoignaient du deuil à venir des petits commerces qui assurent la vie des villages et des villes. Cette action, esthétiquement réussie, manifeste une continuité entre les petits bonheurs et notre capacité à refuser les obstacles qui les suppriment. Il apparait donc que l’obtention de petits bonheurs suppose aussi une composante de solidarité et de non-violence active.

Qu’en est-il du bonheur avec un grand B ? Nul ne peut s’en réclamer sans avoir conscience du caractère périssable de cet état. Il est des rencontres, des personnes, des œuvres, des activités qui créent les conditions d’un tel bonheur.

Une « simple » amitié nourrie de rares moments partagés peut remplir les conditions d’un tel bonheur. Elle a un caractère unique, durable, structurant. Elle ouvre l’avenir. Elle incite à se remettre debout et à la tâche en évitant le découragement qui pourrait résulter d’obstacles présumés infranchissables. Sur ce plan aussi, le Bonheur requiert des qualités morales qui forgent les personnalité capables de s’investir dans le temps.

En définitive, n’est-ce pas souvent les mêmes personnes qui peuvent vivre le bonheur et des bonheurs, en dépit de leurs malheurs et de leurs revers de fortune ?

Savez-vous faire bon accueil aux bonheurs ? Qu’en est-il de votre aptitude au bonheur ?

Croyez-vous au bonheur ? Êtes-vous prêts à l’accueillir ?