lundi 4 juin 2012

J’avais envisagé la question du besoin de reconnaissance pour ce lundi, à l’intention d’une personne suivie en ambulatoire, mais je prends l’option d’un cadre plus large pour notre réflexion : celui des psychothérapies en alcoologie. Il est à la fois d’actualité par la montée en puissance des solutions pharmacologiques et par l’équipe des stagiaires qui donnera une très bonne illustration à cette question.

Notre approche de l’alcoologie se distingue assez radicalement des conceptions classiques qui tendent à séparer institutionnellement la gestion du symptôme-alcool et les besoins du travail d’élaboration psychique.

L’objet de cette réunion est de clarifier les modalités des psychothérapies en alcoologie.

D’abord, peut-il exister une pratique alcoologique sans psychothérapie associée ?

La réponse est NON. Pourquoi ? Parce que l’alcool n’est pas un produit comme les autres, quoi qu’en pensent le toxicomane et le pharmacologue unis par la même vision réductionniste. Pour nous, l’alcool a des racines avec la formation et le développement du psychisme. Il est le produit et l’agent d’interactions familiales et d’environnement. Qui plus est, il a une place singulière dans l'économie et la culture occidentale, ce qui n'est pas sans conséquences identitaires quand la rupture avec l'alcool s'impose comme décision salvatrice. On voit mal comment un Moi faible pourrait résister aux sollicitations internes et externes à boire encore de l’alcool.

Cela étant, les besoins de psychothérapie peuvent ne pas être éprouvés et comprises par le sujet. La conception de ce qui fait psychothérapie est une vraie question.

Les besoins en psychothérapie couvrent les trois temps de la problématique alcoolique : l’avant, avec les enfouissements d’histoire, le pendant, avec le déni, le clivage, l’ambivalence face au produit, les prises de conscience progressives, le tintamarre induit par les alcoolisations, l’après, avec une gestion nouvelle du Ici et maintenant. L’avant a plutôt besoin d’une grille psychanalytique et systémique. Il se clarifie, à distance du sevrage. Le pendant peut s’étaler sur des années, fixant l’attention sur le symptôme alcool avec ses conséquences personnelles et relationnelles. L’après relève de la prévention du retour du pendant, de la mise à plat de l’avant et d’approches renouvelées de la relation et du sens à donner à sa vie. Il prend une réelle dimension philosophique.

Il est logique de se poser la question de savoir comment les humains ont fait avant l’avènement du psychothérapeute et ce qui caractérise et justifie un psychothérapeute en alcoologie. La raison d’être de l’alcoologie clinique est de permettre à chaque de se connaître et d(évoluer assez pour trouver ou retrouver la seigneurie de soi-même.

Comment définiriez-vous aujourd’hui vos besoins en psychothérapie ?