21-06-2021

Entre partage et solitude, quelles relations… un beau thème, assurément, avec une variable de taille, quand il s’agit d’une personne alcoolique sobre.

Effectivement, en dehors des décalages établis par les incompréhensions rattachées à la méconnaissance de la problématique alcoolique et les stéréotypes qu’elle suscite, la question est au cœur des relations humaines. La solitude est une caractéristique de toute personne qui s’efforce de vivre en accord avec sa sensibilité et son discernement, dans un monde indifférent ou hostile. Le partage est une aventure, un risque et une nécessité.

Sur quelles bases concevoir le partage ? Comment vivre sa solitude ?

Comment décliner les besoins de relation, quand on se trouve être une personne alcoolique sobre ?

Ma règle est de partager le plus possible dans le respect des personnes. Le partage ne se décrète pas. Il suppose qu’une relation de confiance se soit établie. Le partage suppose des centres d’intérêt communs. Il suppose une réciprocité dans l’écoute et une honnêteté intellectuelle foncière, moins répandue qu’on ne le croit. Sur de telles bases, le partage est promesse d’enrichissement. Ce que l’autre exprime modifie notre point de vue dans le sens de l’ajustement et de l’approfondissement. Si l’interlocuteur n’est pas respecté, si on l’estime incapable d’apporter quelque chose ou si l’on est décidé à lui imposer notre point de vue, il ne s’agit pas de partage.

La solitude accompagne le souci du respect de soi et de l’autre. Il n’est ni possible ni souhaitable de tout partager avec tout le monde, si bien disposés que nous soyons les uns pour les autres. Chacun a ses préoccupations propres, ses priorités, ses façons de sentir et d’interpréter, ses espaces de protection à assurer.

Nous pouvons nous sentir agressés par l’hostilité, l’indifférence, les incompréhensions et les attentes des autres. Nous avons un besoin physiologique de faire silence, à distance des sollicitations. Pour autant, la solitude prend sa signification dans le partage qu’elle permet. Nous nous abstiendrons de faire la critique de l’hypermodernité tant il est évident qu’elle se caractérise par la peur de la solitude, la difficulté à rencontrer authentiquement l’autre et à établir les conditions de véritable partage.

Pour la personne alcoolique devenue sobre, le défi est d’apprendre à bien vivre des moments de solitude, tout en se risquant à des moments de partage qui la nourrissent. Elle a besoin de lieux spécifiques. A l’évidence, un groupe de parole de type intégratif est l’un d’eux, le groupe des pairs ou des égaux, tout autant, dès lors que les règles minimales de respect mutuel sont en place. Le partage est possible entre adhérents associatifs réunis autour d’un projet commun, avec partage, pour l’essentiel, d’une analyse commune de la situation. Les consultations et les échanges par courrier participent à ce partage dans le respect des personnes. Il est moins évident de faire comprendre aux proches les difficultés de communication d’une personne ayant choisi d’assumer et de vivre sa différence par rapport à l’usage d’alcool. Pour bien se porter, elle est devenue authentique alors que son entourage est souvent gouverné par ses préjugés.

Comment établissez-vous le point d’équilibre entre partage et solitude ?