lundi 11 juin 2012

J’ai eu l’opportunité d’hospitaliser un représentant des forces de police. Sa hiérarchie a repéré son problème d’alcool et, dès lors, elle souhaitait l’orienter vers un établissement situé à la périphérie de l’agglomération parisienne, là où sont concentrés les gendarmes, CRS et policiers concernés par la problématique alcoolique. Ils y restent, selon un protocole déterminé, plusieurs semaines avant de retourner dans leurs foyers, aux quatre coins de l’hexagone ou des territoires d’Outre-mer. Le patient, adressé par son généraliste, souhaitait de fait se conformer aux exigences de ses supérieurs : observer un arrêt de travail prolongé, si possible en hospitalisation fermée.

La notion de cure a la vie dure. Elle est une justification supplémentaire à la prochaine livraison de Bacchus sur L’hospitalisation brève en alcoologie, un des ressorts essentiels de notre méthode. Nous avons un immense travail pédagogique à mener auprès des organismes constitués, parallèlement aux medias et à chaque personne concernée pour faire comprendre la nécessité de faire prévaloir la réalité psychique et environnementale des patients sur les logiques institutionnelles.

Quand un patient arrive à la consultation, il apporte ses défenses, ses préjugés, ceux de son entourage, ses représentations de l’alcoolique et du soin.  L'alcoologue dispose d'une trentaine de minutes pour déconstruire ces idées reçues et faire comprendre les grandes lignes d'une offre de soins adaptée aux besoins et à la situation.

Si le soignant, en dépit d’un effort de présentation, demande à un patient banalement instruit, de faire l’acquisition de son ouvrage généraliste de référence, Le Guide de l’accompagnement, il est souvent soupçonné de vouloir placer ses livres. Le voilà assimilé à un gourou mercantile, pratiquant la vente forcée. Sans doute, peut-il se contenter d'orienter vers le site internet de l'AREA et proposer un temps de réflexion au sujet, à partir d'une ordonnance et de quelques documents papier mais cela ne correspond-il pas à une perte de chance potentielle chez un sujet par définition peu lucide et ambivalent ? De nombreux patients et plus encore leur entourage peuvent s’étonner d’une hospitalisation qui ne couvre que cinq jours ouvrables. En fait, il faut se dire qu’au départ de la relation de soin, sauf exception, le soignant est confronté à une montagne de préjugés, de peurs, de défenses.

En attendant d’avoir les moyens et les opportunités de convaincre les corporations, la haute administration, les sociétés savantes et le ministère de la Santé de la pertinence de notre méthode, l’important est que chaque hospitalisé, chaque personne en commencement de démarche nous fasse et se fasse assez confiance pour comprendre ce qui est bon pour elle.

Mais vous-même, aujourd'hui, avez-vous bien compris la méthode ?