18 octobre 2021

 

Un thème passablement ironique... « Je touche au but », peut-on parfois se dire ; sans doute, mais lequel ? Le chemin n’est-il pas à privilégier ? N’est-il pas suffisant de disposer d’une boussole ?

Cela me fait penser à une séquence-clé des Grands Espaces. Le personnage masculin, Jim Mc Kay, décide d’aller retrouver Julie Maragon, institutrice de village et propriétaire d’un ranch convoité par deux clans rivaux en raison d’une rivière indispensable aux troupeaux. Le ranch à atteindre est à une journée de route à cheval. Son but, qu’il n’a révélé à personne, en particulier à Patricia Terrill, sa fiancée, la fille d’un des deux chefs de clans, est d’acquérir le domaine de Julie et d’imposer la paix, ce dont les deux patriarches ne veulent pas, tant ils se détestent et ont soif de puissance. Ancien marin, Jim sait se servir d’une boussole. Il ne redoute donc pas de se perdre dans les grands espaces dépeuplés. Le périple qu’il entreprend est pour lui l’occasion de prendre le large, comme aux temps où il traversait les océans. Il croit qu’il va trouver une solution pour jeter son ancre. Il est guidé par une affinité élective inconsciente. Julie et lui, qui ne se connaissaient pas, ont d’emblée été en phase. Julie a compris comment « fonctionnait » Jim. Patricia n’a fait que projeter sur Jim ses fantasmes de conjoint valorisant. A la différence de Jim, elle adhère à la culture de son père, celle de relations fondées sur la force des armes, des poings et du nombre de têtes de bétail. Dans cette escapade à cheval de Jim, un but en cachait un autre.

Il arrive qu’un individu soit programmé pour un destin, un chemin, une carrière, un type d’union, une addiction et qu’il n’explore aucune autre route jusqu’à la borne finale, l’endroit où la route s’arrête. Les habitués des Pyrénées et du Cirque de Gavarnie, plus précisément, ont sans doute exploré la petite route à droite qui conduit à la frontière avec l’Espagne. La route s’arrête abruptement, basculant sur une très mauvaise piste sur le versant sud, au Port de Boucharo. L’intérêt de la progression depuis Luz-Saint-Sauveur est incontestablement la route et ce qu’elle permet de découvrir.

Le but d’une certaine manière se confond avec le chemin. Dans le cadre des addictions, particulièrement de celle de l’alcool, il convient de suspendre la marche, de revisiter le chemin parcouru, pour tenter d’en dessiner un autre, en prenant cette fois la peine de bien regarder autour. L’arrêt de l’alcool n’est pas le but, au plus, c’est un passage canadien.

Que signifie pour vous les mots : but et chemin ?