15 novembre 2021

Ce thème évoque un oral d’examen, quand vous tirez du chapeau la question que vous connaissez la mieux. L’alliance et la synergie constituent la clé, l’arc-boutant de notre activité.

Commençons par évoquer une situation où l’alliance et la synergie font cruellement défaut : le champ de la Santé.

La question de l’alliance entre les acteurs de terrain et les Pouvoirs publics autour d’une mission d’intérêt général ne fait pas partie des modes de relation en cours. L’ARS (Agence Régionale de Santé) se comporte en patron et en manager du soin. La HAS (Haute autorité de Santé) fait de même avec l’établissement de recommandations contraignantes, pouvant conduire à des sanctions. La particularité de ces instances est de méconnaître les réalités qu’elles administrent, à la différence des chefs d’entreprise qui ont « tâté du terrain ».

Nous aurions pu espérer une synergie, à partir de rencontres, de dialogues et d’échanges, chacun restant à sa place. Mais c’est trop leur demander. Au quotidien, la technocratie administrative fait semblant de dire oui à ce qui vient d’en haut et elle dit non à ce qui vient d’en bas. Elle croit posséder la vérité comme tous ceux qui ont une vue éloignée et déformée du réel. Si celui-ci ne rentre pas dans les cases du dossier concocté, elle s’en détourne. Sa rigidité formelle est ainsi devenue une idéologie, une forme d’oppression politique, qui participe au déni du réel.

Les dossiers de certification sont incompatibles, par nature, avec les prises en compte de l’innovation et, plus largement, du « facteur humain ». Ils visent, en effet, la reproduction d’un modèle et non sa remise en cause.

Le formatage influence aussi les acteurs de terrain qui choisissent logiquement de privilégier leurs intérêts immédiats ou, du moins, la routine, quand ils ne perçoivent plus la pertinence de leur activité, quand ils ne voient plus le bout de leurs actes.

Le réel est conditionné par les pesanteurs économiques (le profit) et politiques (l’anesthésie et la soumission des masses)

Telle est la situation en alcoologie. Que pouvons-nous nous faire ?

Le schéma des cercles de résilience reste valable.

C’est d’abord à la personne alcoolique de prendre conscience que rien ne va plus avec l’alcool.

C’est, potentiellement, aux professionnels de santé concernés de l’aider à imaginer qu’une vie sans alcool est préférable et possible. C’est encore à eux qu’il revient de proposer un accompagnement adapté.

L’alliance fondamentale réunit les personnes alcooliques et les soignants au fait de la problématique addictive. Compte tenu de l’indifférence et de l’ignorance de l’environnement et des décideurs, cette alliance peut initier une alternative.

Les liants de l’alliance sont la connaissance et la sensibilité. L’expérience des trois périodes : avec l’alcool, sans alcool et hors alcool se réalise par le fait même de l’alliance.

L’alliance concrétisée par l’association crée la synergie.

Ceci, tant bien que mal, nous l’avons fait vivre depuis plus de 30 ans. Cette alliance et cette synergie existent ailleurs, avec l’URSA, par exemple, dans la région parisienne. La synergie existe également avec les AA du fait de leur dissémination sur le territoire.

 

Comment élargir l’alliance et développer les effets de synergie ?

Si nous gardons à l’esprit le schéma des cercles de résilience, les partenaires les plus accessibles sont les instances qui accueillent structurellement les personnes alcooliques et les soignants. Alliance et synergie doivent nécessairement s’élaborer avec les établissements permettant de faire vivre le temps psy-alcoologique. La pratique nous apprend, en effet, que le temps alcoologique et comportemental se chevauche avec le temps psychothérapique et élaboratif.

Tous les moyens sont bons qu’il s’agisse du livre, de la conférence, des moyens audiovisuels de sensibilisation de la population à la pensée complexe et, plus encore, des appuis politiques car l’innovation la plus pertinente ne peut vaincre l’inertie de l’existant, sauf dans les périodes de bouleversement général qui suivent les catastrophes. Or, nous pouvons, aujourd’hui, davantage redouter l’instauration d’une dictature « molle » au service du « mondialisme » et des intérêts financiers qu’espérer un gouvernement de réorganisation tel celui que la Résistance mit en place au lendemain du second conflit mondial.

Au-delà de ces descriptifs, les termes d’alliance et de synergie font-ils sens pour vous ?